L’ancien argentier de la SAQ et de Couche-Tard se questionne sur la stratégie de l’État de maintenir ouverts certains commerces, notamment la SAQ. Raymond Paré voit aussi une contradiction dans la position de garder les grandes surfaces ouvertes tout en encourageant la consommation locale. « Pas terrible comme traitement équitable pour les autres commerçants », dit-il. Voici sa réflexion.

SAQ

« Pourquoi personne ne semble mettre de pression pour fermer la SAQ et la SQDC ? Je ne savais pas qu’il s’agissait de produits essentiels lorsque la force du système immunitaire est si primordiale. Pourquoi ne pas obliger les commerces (pharmacies, dépanneurs, etc.) qui restent ouverts à mettre en place un service de commande web ou par téléphone avec une livraison à l’auto ou à la maison afin de limiter les risques de transmission autant pour les employés que pour les travailleurs ? Et pourquoi la même chose n’est pas déjà demandée à la SAQ ? Elle peut le faire. » Selon M. Paré, la SAQ, qui fournit déjà les restaurants, a l’infrastructure nécessaire. 

PHOTO FOURNIE PAR ALIMENTATION COUCHE-TARD

Raymond Paré

Épiceries

« Si le vin est une nécessité, l’épicerie répond à ce besoin de base. Je suis moi-même amateur de vin et si l’on juge que le vin est une soupape sociale, il en existe de bons en épicerie. » Mais il faut surtout arrêter de pouvoir se promener en magasins, dit Raymond Paré. « Par exemple, les gens sont bien distancés dans les files d’attente à l’extérieur des magasins Costco, mais à l’intérieur, c’est n’importe quoi. C’est absurde. Il sera toujours difficile d’optimiser les règles de distanciation, et nous allons continuer de mettre à risque un nombre important d’employés et de clients. Mais si nous voulons vraiment être sérieux, pourquoi laisser ouvertes les sections non alimentaires chez Costco, Walmart, Dollarama ? »

Quincailleries

« Dans le contexte actuel des recommandations de l’État, est-ce normal que les quincailleries soient encore ouvertes ? Certaines personnes ayant des aptitudes plus manuelles sont effectivement capables de réparer un problème de tuyauterie à la maison. Toutefois, si quelqu’un commande 40 2x4, on peut se demander si c’est vraiment important. L’être humain peut être tenté d’aller se chercher quelques contrats présentement. »

Chantiers

« Je croyais que se loger était un besoin de base. Les gens sont anxieux de savoir s’ils pourront prendre possession de leur logement. Pourquoi fermer une industrie avec une distanciation naturelle alors que nous laissons l’environnement du shopping en place ? », demande Raymond Paré, aujourd’hui associé chez Sotramont, un constructeur résidentiel. « Les différents corps de métier n’aiment pas travailler en même temps. C’était une réalité dans l’industrie avant la pandémie. Un électricien, un plombier et un ouvrier qui pose du plancher peuvent tous avoir leur journée pour travailler dans un logement. Si un chantier ne peut pas reprendre en tant que service essentiel, j’ai hâte de voir quelles activités pourraient reprendre. »

Perspectives en immobilier

« Avons-nous vraiment besoin de priver l’économie de l’activité liée à la construction, considérant les besoins de se loger à court terme ? Il importe d’au moins terminer les chantiers en cours afin de livrer les unités prévues dans les trois à six prochains mois. De toute façon, la demande devrait s’écraser avec cette pandémie. Nous ne sommes pas prêts de revoir le niveau de confiance nécessaire à l’immobilier. »

Qui est Raymond Paré ?

Raymond Paré a été chef de la direction financière de la Société des alcools du Québec pendant deux ans, de 2015 à 2017. De 2003 à 2015, il a occupé plusieurs postes de direction chez Alimentation Couche-Tard, notamment la fonction de vice-président et chef de la direction financière. Il est aujourd’hui partenaire associé de la société immobilière montréalaise Sotramont et agit également à titre de conseiller stratégique auprès de certaines entreprises. Il est membre du conseil d’administration du Groupe Colabor, un distributeur alimentaire de Boucherville.