Quand les premiers brins de gazon commencent à verdir, Pierre Leclerc sourit. Il a hâte de retourner sur les terrains de golf. Pas pour y frapper quelques balles, mais pour les rendre beaux, pour créer des parcours esthétiques. L’arrivée du printemps cette année le fait plutôt grimacer. Sa structure financière de travailleur saisonnier tombe à l’eau même s’il fait beau.

« L’industrie est saisonnière, explique-t-il au téléphone. Les employés des terrains de golf travaillent toujours de la mi-avril jusqu’à la fin octobre, ce qui donne suffisamment d’heures pour être admissible à l’assurance-emploi. »

« On épuise nos prestations d’assurance-emploi, poursuit-il, et quand on arrive vers la fin, c’est le temps de recommencer. C’est le printemps et l’employeur nous rappelle. »

L’homme de 60 ans est inquiet, car avec la crise actuelle, rien n’est joué d’avance. Les terrains de golf ne seront, certes, pas laissés à l’abandon, mais l’entretien minimum sera assuré par une équipe réduite. Et Pierre Leclerc est le dernier sur la liste d’ancienneté.

Zone grise

« J’ai vu qu’avec les nouvelles mesures annoncées, jeudi, par le gouvernement de Justin Trudeau, je peux être admissible, dit-il. Mais si mon employeur n’a pas besoin de moi durant l’été, je ne pourrai plus être admissible à l’assurance-emploi qui m’assure un revenu durant l’hiver. »

Pierre Leclerc, qui vit seul avec son chat, est inquiet. Il s’est réjoui de pouvoir parler au téléphone avec sa députée Louise Chabot, du Bloc québécois. Elle n’avait peut-être pas de réponse à lui fournir, car les travailleurs saisonniers sont dans une zone grise, mais elle l’a écouté, raconte le résidant de Sainte-Thérèse.

À court terme, je suis rassuré par les mesures. Ce sera même plus que mes prestations habituelles. À moyen et à long terme, par contre, je ne sais pas ce que je vais faire. Est-ce que je vais devoir demander de l’aide sociale ?

Pierre Leclerc, travailleur saisonnier

Parce que le scénario idéal pour Pierre Leclerc, c’est de retrouver les terrains de golf. Après des années d’expérience, il avait enfin trouvé l’endroit idéal où exercer le métier qu’il aime.

« C’était un choix de vie que j’avais fait pour les prochaines années, confie-t-il. J’aime mon employeur, mes horaires, mes conditions. Je suis habillé de la tête aux pieds. C’est l’un des meilleurs terrains de golf au Québec. Je rentre le matin et j’ai le goût de donner le meilleur de moi-même. »

Il sait que la partie est loin d’être gagnée. En attendant, il prend son mal en patience en aidant ses parents âgés, en faisant de la lecture et en continuant son implication dans une société d’histoire.