Après avoir bien profité des joies de la maternité pendant un an, Geneviève Mondello avait hâte de quitter la terre ferme et de s’envoler à nouveau. Revoir le ciel, ses collègues, les passagers. Reprendre son métier d’agente de bord qu’elle exerce depuis huit ans. Son poste l’attendait le 1er avril. Mais l’industrie du transport aérien étant durement touchée, elle n’aura même pas eu le temps de ressortir son uniforme.

« J’ai des examens et des requalifications qui étaient à l’horaire, explique-t-elle au téléphone. Parce qu’on doit être à jour. On ne peut pas retourner, comme ça, dans un avion après un an. Tout était programmé et… bang ! Du jour au lendemain, plus rien ! Et on ne sait pas quand ça va repartir. »

Ses prestations du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) étaient déjà terminées depuis le 12 mars. Sa mise à pied officielle commence le 5 avril. Or, selon les règles actuelles de l’assurance-emploi, la jeune mère de 27 ans n’aura droit à aucune prestation.

« Je ne suis pas la première maman à qui ça arrive. J’ai lu des articles de journaux qui datent de 2010. La situation existe depuis longtemps. »

Au téléphone, un agent de l’assurance-emploi lui a conseillé de visiter régulièrement le site du gouvernement. Qui sait, les règles pourraient changer, espère-t-elle.

Le gouvernement doit faire des mesures d’urgence pour les mamans. Je ne suis pas la seule dans cette situation. Il y a des mères monoparentales qui n’ont personne sur qui compter.

Geneviève Mondello

« Sur ma dernière paye avant mon congé parental, je cotisais à la fois pour l’assurance-emploi et le RQAP, relate-t-elle. C’est sûr que je n’ai pas travaillé dans les 52 dernières semaines, mais pourquoi cotiser pour les deux si je ne peux pas bénéficier à tout moment de l’assurance-emploi ? Ce n’est pas logique ! »

« Aucune protection »

Mme Mondello déplore que les mères soient pénalisées, que ce soit en temps de crise ou en temps normal.

« On n’a aucune protection si l’employeur fait des mises à pied à notre retour de congé parental. »

Heureusement pour elle, son conjoint travaille dans l’un des services essentiels. Leur coût de vie sera donc révisé en fonction d’un seul revenu.

« Je me suis inscrite à tout ce que je pouvais pour être certaine d’avoir un dédommagement quelconque quelque part », lance-t-elle en riant.

Car il faut essayer de rire un peu, dit-elle. Surtout pour sa fillette de 1 an qui ne comprend pas ce qui se passe.

« C’est grâce à ma fille que je tiens le coup. Je la regarde, elle me sourit et je me dis : “Elle va bien, elle est en santé, c’est tout ce qui compte.” »

Appel à tous

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