Les millions de Canadiens qui se tournent vers la livraison de colis, avec les fermetures de commerces, devront prendre leur mal en patience. Alors que Postes Canada a suspendu sa garantie de livraison à temps, Amazon retarde considérablement la livraison de toute commande jugée non essentielle.

Comme bien des abonnés du service Prime d’Amazon, La Presse a constaté récemment que les délais de livraison du géant du commerce électronique n’avaient plus rien à voir avec la garantie de deux jours dans la plupart des centres urbains au Canada. Pour la plupart des biens de consommation comme les appareils électroniques, les vêtements ou les livres, on précise au moment de passer à la caisse qu’il faudra attendre entre quatre et six semaines pour recevoir sa commande.

C’est un site américain, Recode, qui a le premier constaté cette nouvelle politique dimanche dernier. « Pour servir nos consommateurs tout en contribuant à assurer la sécurité de nos partenaires, nous avons modifié nos procédures en termes de logistique, de transport, d’approvisionnement, d’achat et de vendeurs tiers afin de donner la priorité à l’entreposage et à la livraison des produits qui sont les plus prioritaires pour nos consommateurs, a indiqué Amazon dans un courriel envoyé à La Presse. De ce fait, certains des délais de livraison promis sont plus longs qu’à l’habitude. »

SAISIE D’ÉCRAN DU SITE WEB D’AMAZON

Amazon va recruter « plus de 1 000 personnes à travers le Canada » pour lui permettre « de fournir ce service essentiel à des personnes situées partout dans le monde, et en particulier aux personnes les plus vulnérables, comme les personnes âgées », indique-t-on.

Stockage limité

Ce constat est à mettre en lien avec une nouvelle politique d’Amazon, encore une fois révélée par des médias américains la semaine dernière, d’accorder la priorité au traitement et à la livraison de biens jugés essentiels. Le réseau NBC a notamment obtenu un courriel envoyé aux fournisseurs d’Amazon leur expliquant qu’on n’accepterait plus dorénavant de garder en entrepôt que « les denrées et articles ménagers de base, les fournitures médicales et autres produits qui font l’objet d’une très forte demande. » Normalement, Amazon offre la possibilité à ses partenaires vendeurs de stocker leurs articles dans ses propres entrepôts afin d’accélérer la livraison.

Chez Postes Canada, on a annoncé en fin de semaine dernière la suspension des « garanties de livraison normales ». Dans un billet de blogue, le 18 mars dernier, le PDG Doug Ettinger a précisé qu’« assurer la livraison sécuritaire de ces articles sans surcharger [les] employés peut prendre un peu plus de temps dans ces circonstances exceptionnelles. »

Cette annonce faisait suite à d’autres mesures pour accélérer la livraison de colis, notamment le fait que la signature ne serait plus requise lors des livraisons à la porte. Postes Canada n’a pas répondu aux demandes de La Presse pour avoir des statistiques concernant l’augmentation du volume de colis enregistrée depuis deux semaines.

60 pays inaccessibles

Sur son site internet, ce lundi, la société de la Couronne ne rapportait aucune interruption ou alerte de service concernant le Canada. On rapportait cependant de nombreuses suspensions pour des envois vers l’étranger.

Au total, en fin de journée, il était impossible d’envoyer des colis vers 60 pays, notamment l’Autriche, l’Égypte, l’Arabie saoudite, l’Argentine et la Tunisie.

Du côté de Fedex, on a refusé de quantifier le volume de colis traité au Canada. James Anderson, porte-parole, a tout au plus précisé par courriel que « les restrictions de voyage peuvent affecter l’envoi et la réception à partir et vers des zones impactées. »

Chez UPS, on assure qu’il peut y avoir « plusieurs raisons pour lesquelles des livraisons ont été retardées ». On qualifie « d’incidents isolés » les exemples de retards qui ont été signalés par des lecteurs de La Presse.