La fermeture des salles à manger de tous les restaurants de la province ne sera pas sans conséquence sur les supermarchés qui devront vraisemblablement composer avec une hausse spectaculaire de leurs ventes. C’est un véritable « tsunami » qui les attend, selon Sylvain Charlebois, expert en distribution alimentaire à l’Université Dalhousie.

L’important volume de nourriture normalement consommé dans les restaurants le sera désormais à domicile. En bonne partie du moins, car la livraison et les services à l’auto demeurent accessibles.

En moyenne, les Canadiens dépensent 37 % de leur budget alimentaire en nourriture consommée hors foyer ou sur le pouce, rappelle Sylvain Charlebois, au bout du fil.

« C’est un tsunami qui se passe. C’est une réorientation du chiffre d’affaires d’un secteur [la restauration] vers un autre [les supermarchés]. Tu prends 60 milliards de dollars d’un secteur et tu l’envoies dans un autre. C’est beaucoup d’argent. »

« Quand on pense qu’un supermarché vend pour 4 à 5 millions par année, 60 milliards, c’est beaucoup, beaucoup de magasins, poursuit Sylvain Charlebois. L’arrivée de la Covid-19, c’est violent pour tout le monde. »

Épiciers et consommateurs devront donc s’adapter.

Les commerces n’auront d’autre choix que de s’ajuster pour être en mesure de vendre de plus grandes quantités d’aliments, notamment en ligne. Et on l’a vu, pour le moment, les grandes chaînes qui offrent la livraison à domicile — Metro et IGA — n’arrivent déjà plus pas à fournir à la demande. Leurs sites ont flanché la semaine dernière et les délais de livraison atteignent parfois 7 jours.

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Dans le cas de Super C, la livraison à domicile n’est pas offerte. Du côté de Maxi et Provigo, on offre aux clients la possibilité de récupérer les achats à l’entrée près des caisses, ce qui n’est toutefois pas possible pour les Québécois en quarantaine. Quelques Provigo, nous dit-on, offrent la livraison à domicile de leur propre chef, sans que cela ne soit précisé sur leur site web.

Quant aux clients, face à certaines pénuries, ils devront « développer leurs habiletés à planifier leurs repas », souligne Sylvain Charlebois en rappelant qu’une bonne proportion des Québécois ne sait pas le matin ce qu’elle mangera pour souper.

Pour certains, « visualiser deux semaines de repas, c’est dur ». C’est d’ailleurs pourquoi certaines denrées ont été abondamment achetées, ce qui a provoqué les pénuries actuelles. Une situation qui n’est absolument pas dramatique, insiste l’expert qui a publié une série de photos sur Twitter de tablettes abondamment remplies, et qui devrait se résorber à mesure que tout le monde s’ajuste à la nouvelle réalité.