(Québec) Le prochain grand patron d’Hydro-Québec devra avoir une « vision économique et internationale », estime le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.

Il a esquissé, jeudi, le profil espéré du successeur d’Éric Martel, qui prendra les commandes de Bombardier le 6 avril en remplacement du controversé Alain Bellemare. Le mandat de M. Martel, amorcé en 2015, tirait à sa fin bientôt.

Selon M. Fitzgibbon, son successeur devra pouvoir vendre le potentiel de l’hydro-électricité du Québec et en tirer profit, dans le contexte actuel de réduction de la dépendance aux hydrocarbures.

Un allié

« Ça prend quelqu’un qui a une vision économique, une vision internationale, pour voir comment on va tirer un avantage comparatif indéniable à partir de notre actif », a dit M. Fitzgibbon en mêlée de presse avant de se rendre au caucus des élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) jeudi matin.

Le ministre a rappelé qu’il s’affaire lui-même activement à l’électrification des véhicules, à l’assemblage de véhicules commerciaux électriques au Québec, au recyclage des batteries et à mettre sur pied une filière de l’hydrogène comme carburant. En outre, il a aussi évoqué ses missions en Asie pour vendre le lithium québécois comme composante des batteries des véhicules électriques.

Bref, M. Fitzgibbon souhaite que le prochain président d’Hydro soit en quelque sorte son allié dans l’impulsion qu’il souhaite donner à l’économie du Québec.

« Le principal enjeu, c’est l’exportation d’électricité au Massachusetts et à New York », a déclaré le ministre de l’Énergie, Jonatan Julien, en mêlée de presse, au sujet du grand défi qui attend le successeur de M. Martel.

New York envisage en effet d’accroître son approvisionnement en énergie auprès du Québec, tandis qu’un projet de ligne de transport jusqu’au Massachusetts est toujours en processus d’approbation.

« Tache importante » au dossier

« Le prochain (président d’Hydro) devrait instaurer plus de transparence à Hydro, avoir une sensibilité par rapport aux régions, et pourquoi pas, une indépendance d’esprit par rapport au gouvernement, ce ne serait pas mauvais », a résumé le chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé.

Il est très critique du règne de M. Martel. Selon le chef péquiste, le PDG sortant répondait aux commandes du gouvernement caquiste pour pouvoir garder son poste, lui qui avait été nommé par les libéraux.

Il a fait référence au fameux dossier des trop-perçus : les 1,5 milliard qu’Hydro avait prélevés en trop, dont la CAQ réclamait le remboursement durant ses années dans l’opposition, mais dont seulement 535 millions ont été remboursés.

« C’est une tache importante dans son dossier, nous avons été floués de façon considérable », a tranché M. Bérubé.

À l’interne

Le leader parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, estime qu’il faut profiter de cette transition pour revoir les critères de sélection du prochain chef d’Hydro. À son avis, il faut cesser de recourir à des administrateurs issus du monde des affaires.

« Peut-être qu’aller toujours chercher au privé, ce n’est pas la solution, a-t-il dit en mêlée de presse. Peut-être qu’on peut aller chercher des gestionnaires de qualité à l’interne qui partagent la mission de l’organisme, les valeurs des sociétés d’État, plutôt qu’aller chercher des vedettes du management privé. »

Rappelons que c’est le conseil des ministres qui nomme le président d’Hydro.