(Montréal) Le premier ministre du Québec, François Legault, a prévenu que pour aller de l’avant, le projet de gaz naturel liquéfié GNL Québec devra obtenir non seulement l’aval de la communauté, mais aussi l’aval des communautés autochtones.

Or, le Conseil des Atikamekw de Wemotaci, en Mauricie, affirme qu’aucun consentement n’a jusqu’ici été donné par la communauté autochtone au projet de construction de conduite souterraine de gaz naturel de GNL Québec et qu’aucune entente n’a été signée à cet effet.

La conduite souterraine de quelque 750 kilomètres doit permettre l’acheminement de gaz naturel provenant de l’ouest canadien à partir du nord-est de l’Ontario jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay pour fins d’exportation par voie maritime vers des pays étrangers.

Interrogé au sujet de ce projet GNL Québec, mardi à Montréal, le premier ministre a rappelé qu’il faudrait d’abord que le projet trouve le financement complet qui est requis. « C’est un projet important, mais, pour l’instant, le financement n’est pas complètement en place », a-t-il d’abord souligné, avant de s’attarder aussi à l’aspect environnemental.

« J’ai essayé de ne pas être dogmatique. Il y a des personnes dogmatiques qui sont contre le remplacement du pétrole et du charbon par du gaz. Moi, je pense que pour le bien de la planète, il faut être ouvert à cette possibilité-là, entre autres qu’il y ait du gaz naturel liquéfié qui soit une énergie de transition qui remplace, en Europe et en Asie, des centrales au charbon, des centrales aussi nucléaires », a fait valoir le premier ministre.

Et comme troisième critère que le projet devra respecter, il relève l’aval des communautés. « Il faut respecter une acceptabilité, incluant par les nations autochtones, surtout sur le territoire où passerait éventuellement ce projet-là. »

Débat polarisé

Le député de Jonquière et candidat à la course à la direction du Parti québécois, Sylvain Gaudreault, relève pour sa part que le débat commence à se polariser au Saguenay–Lac-Saint-Jean depuis le passage de deux élues de Québec solidaire (QS).

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault

Récemment, les députées Ruba Ghazal et Catherine Dorion sont venues au Saguenay pour prendre part à des activités militantes anti-GNL. Sylvain Gaudreault, qui est aussi un opposant résolu au projet, estime qu’elles ont envenimé le débat.

« En débarquant chez nous, en mettant le poing puis en criant très fort sans proposer d’abord des solutions alternatives pour une région qui souhaite se développer, (elles) ont contribué à polariser le débat, a-t-il déclaré en conférence de presse au parlement. C’est ce que je reproche à QS dans son approche en environnement. Ils sont très, très, très polarisants, très confrontants. »

Il estime qu’il est encore possible de convaincre les citoyens des méfaits de GNL Québec par des arguments plutôt qu’en braquant les partisans et les opposants.

« La polarisation puis la confrontation, c’est le chemin direct vers ce qui est en train de se passer, et moi, je ne pense pas que c’est sain, dans une société, de discuter comme ça. »

Les Atikamekw

De son côté, le Conseil des Atikamekw de Wemotaci signale sur sa page Facebook que la phase des consultations du projet gazier ne fait que débuter auprès des huit populations des territoires autochtones qui seraient touchées par le passage de la conduite, dont celle de Wemotaci située à 115 kilomètres au nord-ouest de La Tuque. Ces populations sont regroupées sous l’entité commune Mamo Aki dont l’objectif est de rassembler les forces pour mieux protéger les intérêts des Premières Nations.

Les élus autochtones affirment que les impacts environnementaux, sociaux, territoriaux et économiques du projet gazier restent à être analysés et évalués.

Wemotaci, l’une des trois communautés atikamekw, possède une superficie de près de 3000 hectares.

Pour leur part, une quarantaine d’économistes québécois ont publié en octobre dernier une lettre ouverte qui critiquait le projet de gazoduc. Ils ont exprimé de sérieux doutes sur ses promesses de retombées économiques.

Ils ont invité les gouvernements à soutenir plutôt des industries comme celles de l’aluminium à anodes inertes, qui n’émet pas de GES, ou encore de la biomasse forestière.