Les critiques viennent de partout. La façon dont le Japon a choisi de gérer la menace d’épidémie à bord d’un bateau de croisière avec 3700 personnes à bord amarré à Yokohama s’est avérée désastreuse. Malgré les précautions qui ont été prises, le navire est devenu le plus important centre de contagion du nouveau coronavirus hors de la Chine.

Cette catastrophe frappe le Japon alors que son économie est à genoux. On commence tout juste à mesurer les impacts probables du COVID-19 sur la croissance économique mondiale, mais le Japon est probablement déjà entré en récession.

Au cours des trois dernières années, tout indiquait que la troisième économie mondiale tirait profit des politiques du gouvernement de Shinzo Abe pour stimuler l’économie.

Mais au dernier trimestre de 2019, pendant que le pays se préparait activement à accueillir les Jeux olympiques, tout s’est écroulé. Le produit intérieur brut du Japon a chuté de 6,3 % au cours des mois d’octobre, novembre et décembre. Une baisse était attendue par les économistes, mais c’est plutôt un plongeon de l’économie qui a été constaté. C’est la pire performance du pays depuis six ans.

Le Japon, troisième économie mondiale, a souffert en 2019 du ralentissement de la croissance en Chine, son principal partenaire économique. La guerre commerciale qui a fait rage entre les États-Unis et la Chine a aussi ralenti le commerce international et affecté particulièrement le Japon, grand exportateur de produits manufacturiers.

Un autre coup a été porté avec la décision du gouvernement d’augmenter la taxe à la consommation, qui est passée de 8 à 10 % le 1er octobre dernier. Une hausse des taxes, au Japon, a toujours un impact majeur. Aussi, les gouvernements hésitent toujours avant d’y recourir, même si c’est une nécessité pour l’équilibre financier d’un pays vieillissant où la dette atteint 240 % du PIB.

La dernière hausse avait été reportée deux fois par le gouvernement avant d’entrer en vigueur le 1er octobre. L’impact appréhendé a été pire que prévu. La consommation a reculé et les investissements aussi. Combinée au ralentissement de l’économie chinoise et à la guerre commerciale, la hausse de taxe a provoqué une tempête parfaite pour l’économie japonaise.

Le scénario du pire

Déjà mal en point, l’économie japonaise doit maintenant affronter le coronavirus dont l’épicentre est chez son important voisin. On ne fait que commencer à mesurer les effets négatifs sur la croissance économique mondiale. Les pays voisins de la Chine, et ses principaux partenaires économiques, seront probablement plus affectés. Il est déjà pas mal certain que la croissance économique du premier trimestre de 2020 sera négative, ce qui marquerait le début officiel d’une récession au Japon.

Malgré les mesures exceptionnelles prises en Chine et ailleurs dans le monde, la menace de pandémie est toujours réelle. L’Organisation mondiale de la santé s’en est encore alarmée vendredi dernier.

La situation n’est toujours pas maîtrisée, ce qui fait craindre le pire pour les Jeux olympiques de Tokyo, qui doivent commencer dans quelques mois, le 24 juillet.

Tant les organisateurs des Jeux que le Comité olympique se sont déjà empressés d’assurer qu’il n’était pas question d’annuler l’événement. Les cas d’annulation des Jeux olympiques sont très rares dans l’histoire. Sauf en cas de guerre, les Jeux n’ont jamais été annulés. Ceux de Rio ont eu lieu en 2016 malgré l’épidémie de fièvre Zika.

Mais dans le cas du COVID-19, la possibilité ne peut être écartée parce que, même si l’événement ne débute qu’en juillet, les athlètes arrivent généralement plusieurs semaines à l’avance pour commencer leur préparation. Ça laisse moins de temps pour écarter complètement tous les risques de contagion.

Selon la BBC, il existe une assurance contre l’annulation de grands événements comme les Jeux en raison d’une épidémie. L’organisation olympique japonaise serait même couverte par une telle assurance au cas où elle devrait annuler les Jeux.

Ça pourrait limiter les dégâts pour les organisateurs de l’événement, dont le coût est estimé à 12,6 milliards US (16,7 milliards CAN). Mais pour l’économie japonaise, ce serait vraiment le pire des scénarios.