(New York) Frappées de plein fouet par la guerre commerciale, les exportations de whiskys américains vers l’Union européenne ont chuté de 27 % en 2019, a indiqué mercredi la fédération américaine du secteur des spiritueux (Discus).

Ce plongeon est la conséquence directe d’une taxe de 25 % imposée depuis juin 2018 par Bruxelles sur ces produits en représailles à des sanctions américaines touchant l’acier et l’aluminium. Or l’UE est le principal marché à l’étranger pour cette catégorie d’alcools.

L’ensemble des exportations de spiritueux américains, qui avait bondi de 55 % sur les dix dernières années à la faveur d’un regain d’intérêt pour le bourbon du Kentucky ou le whiskey du Tennessee, en a été immédiatement affecté : au total, elles ont baissé de 14 % en 2019.  

« Au niveau international, notre priorité est de mettre fin aux mesures de représailles qui ont affecté nos exportations et, désormais, certaines de nos importations », a commenté Christine LoCascio, responsable des politiques publiques liées aux spiritueux pour Discus, en regrettant que les spiritueux soient devenus les victimes collatérales de conflits commerciaux n’ayant rien à voir avec le secteur.  

En représailles aux subventions européennes accordées à l’avionneur Airbus, l’administration américaine impose en effet depuis octobre une taxe de 25 % sur les importations de whisky single malt d’Écosse et d’Irlande du Nord ainsi que sur certaines liqueurs d’Allemagne, d’Irlande, d’Italie, d’Espagne et du Royaume-Uni.  

« Il est encore un peu tôt pour déterminer l’impact de ces nouveaux tarifs », a souligné Mme LoCascio. Mais l’association représentant les whiskys écossais a déjà indiqué mardi que les exportations de ces produits vers les États-Unis avaient plongé de 25 % au quatrième trimestre.

Selon une récente proposition, cette taxe pourrait être relevée à 100 % et s’appliquer également au cognac français, particulièrement prisé aux États-Unis, ainsi qu’à l’ensemble des whiskys et vins européens, ont rappelé les représentants de Discus lors d’une conférence de presse en disant s’attendre à une décision sur ce sujet d’ici la fin de la semaine.

Les ventes de spiritueux se sont en revanche bien tenues aux États-Unis, où elles ont augmenté de 5,3 % en 2019 pour atteindre 29 milliards de dollars.  

Le bourbon du Kentucky et le whisky du Tennessee tirent cette croissance, aidés par un intérêt grandissant pour le whisky au seigle, le whisky écossais single malt, la tequila, le mezcal et les cocktails pré-mixés.

Le secteur continue d’ailleurs à grappiller des parts de marchés face au vin et à la bière et représente désormais 37,8 % du chiffre d’affaires des alcooliers aux États-Unis.