Les blocages de voies ferrées en cours un peu partout au Canada sont sur le point d’avoir d’importants impacts économiques, a prévenu mardi le CN, dont le réseau est coupé à au moins deux endroits névralgiques.

Des manifestants ont poursuivi mardi leurs opérations de blocage en opposition à un projet de gazoduc qui traverserait le territoire traditionnel Wet’suwet’en, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique.

Un premier barrage près de Belleville, en Ontario, le même qui empêche la circulation des trains de VIA Rail entre Toronto et Montréal ou Ottawa, bloque tout transit d’est en ouest sur le réseau du CN. Il est également impossible de faire circuler des trains entre l’est du pays et le centre des États-Unis.

VIA Rail a d’ailleurs annoncé mardi soir la suspension de tous ses départs pour les trajets entre Montréal et Toronto, et Toronto et Ottawa, dans les deux directions, jusqu’à jeudi en fin de journée. 

PHOTO LARS HAGBERG, LA PRESSE CANADIENNE

Un premier barrage près de Belleville, en Ontario, le même qui empêche la circulation des trains de VIA Rail entre Toronto et Montréal ou Ottawa, bloque tout transit d’est en ouest sur le réseau du CN. Il est également impossible de faire circuler des trains entre l’est du pays et le centre des États-Unis.

L’autre barrage bloque l’accès à l’important port de Prince Rupert, dans le nord de la Colombie-Britannique. Celui-ci « est, dans les faits, déjà fermé », a indiqué mardi le CN dans un communiqué.

« C’est l’histoire qui se répète sans cesse ! Il y a beaucoup de frustrations dans notre communauté par rapport à ce qui se passe présentement en Colombie-Britannique, surtout chez nos jeunes », s’est exclamé mardi James Nolan, l’un des cinq manifestants rencontrés à proximité d’un chemin de fer du CP à Kahnawake, au sud de Montréal, lors du passage de La Presse, mardi midi.

Cette présence a fait en sorte depuis deux jours de suspendre les opérations du train de banlieue exo 4, qui relie Candiac au centre-ville de Montréal.

L’impact est aussi perçu au port de Montréal, qui se rabat pour l’instant sur le camionnage et le réseau du Canadien Pacifique (CP), a expliqué mardi une porte-parole.

Des craintes pour le propane…

« Nous stationnons actuellement des trains sur notre réseau, mais en raison de l’espace limité disponible, le CN n’aura d’autre choix que d’interrompre temporairement le service dans les principaux corridors, à moins que les blocages ne prennent fin », a indiqué dans un communiqué le président-directeur général du CN, Jean-Jacques Ruest.

En novembre, une grève de quelque 3200 opérateurs de trains du CN avait paralysé les activités du réseau pendant une semaine et entraîné une pénurie de gaz propane menaçant les activités des producteurs de grains.

Lors d’un point de presse à l’entrée de la réunion du Conseil des ministres, le premier ministre François Legault a indiqué qu’« on risque de se retrouver encore avec un problème de propane ».

C’est un projet de gazoduc qui est appuyé par le gouvernement de la Colombie-Britannique, je ne comprends pas pourquoi on fait payer les passagers et éventuellement les agriculteurs, s’il y a pénurie de propane.

François Legault

L’Association québécoise du propane a elle aussi fait valoir que « bien que la situation actuelle de l’industrie québécoise du propane ne soit pas aussi critique que lors de la dernière grève du CN, [elle] demeure extrêmement préoccupée par le blocage actuel de voies ferrées ».

Québec et Ottawa se sont renvoyé la balle mardi à savoir qui devait intervenir pour mettre fin aux blocages. Au Québec, c’est aux Peacekeepers de Kahnawake qu’incombe la tâche de libérer la voie, a fait savoir M. Legault.

… et le bois

« C’est une véritable crise », a de son côté affirmé le responsable du commerce international à l’Association des produits forestiers du Canada, Joel Neuheimer.

Les producteurs de bois, de pâtes et de papiers ont déjà perdu des dizaines de millions de dollars depuis le début des manifestations près des voies ferrées, a-t-il soutenu.

« Nous expédions des quantités massives de pâte aux États-Unis et dans des endroits comme l’Asie, alors il y a de gros impacts négatifs là-bas », a expliqué M. Neuheimer lors d’une entrevue téléphonique.

« Nous avons des membres dont les clients ne passent pas de commandes en ce moment aux États-Unis, parce qu’ils savent que cela ne va pas arriver au moment où il le faudrait. »

La grève de huit jours au Canadien National, en novembre, avait réduit le bénéfice net au quatrième trimestre d’un peu plus de 100 millions de dollars, ou un peu moins de 0,15 $ par action, selon des estimations publiées par l’entreprise.

De son côté, le Canadien Pacifique n’a pas répondu à nos demandes à propos de l’impact du blocage actuel sur son réseau.

— Avec Mayssa Ferah et Hugo Pilon-Larose, La Presse, et La Presse canadienne