(Ottawa) Les 100 chefs d’entreprise les mieux payés du Canada ont touché en 2018 des montants records par rapport aux employés qu’ils dirigeaient, selon un nouveau rapport.

Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a indiqué jeudi que le chef de la direction moyen d’une grande entreprise inscrite en Bourse aurait gagné autant d’argent à 10 h 09 le premier jour ouvrable de l’année que le travailleur canadien moyen en un an.

Ces grands patrons ont touché 227 fois plus que le travailleur moyen en 2018 — soit l’année la plus récente pour ces données.

En comparaison, ils gagnaient 197 fois plus que le salaire moyen des travailleurs en 2017. Par ailleurs, l’heure de 10 h 09 est la plus hâtive jamais constatée par le CCPA, qui recueille ces données depuis 13 ans.

Le rapport a également révélé que 79 % du salaire moyen du chef de la direction en 2018 provenaient de primes liées aux cours des actions des entreprises, même dans certains cas où les entreprises perdaient de l’argent.

De plus, seulement quatre femmes figurent parmi les 100 chefs de la direction les plus riches du Canada, contre trois l’an dernier.

« La croissance de l’écart considérable entre la rémunération excessive des chefs de la direction et les revenus moyens est un indicateur du poids lourd de l’inégalité des revenus au Canada », a affirmé l’auteur du rapport et économiste principal du CCPA, David Macdonald.

« La richesse continue de se concentrer tout en haut tandis que les revenus moyens suivent à peine l’inflation. »

Selon le rapport, les 100 patrons les mieux payés du pays, travaillant pour des entreprises regroupées dans l’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto, ont gagné en moyenne 11,8 millions en 2018.

En 2016, le revenu moyen du chef de la direction était de 10,4 millions.

Et tandis que le salaire moyen des travailleurs n’a augmenté que de 2,6 % entre 2017 et 2018, les principaux patrons ont vu leur salaire augmenter de 18 % au cours de la même période, a souligné le CCPA.

M. Macdonald suggère que le gouvernement fédéral pourrait remédier à la rémunération excessive des patrons en examinant les échappatoires fiscales, tel que proposé dans la mise à jour financière des libéraux de décembre, en mettant l’accent sur le traitement préférentiel des options d’achat d’actions et des gains en capital.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a été chargé de modifier les règles relatives aux déductions pour options d’achat d’actions et d’examiner les dépenses fiscales en se concentrant sur les plus riches, dans le cadre de sa lettre de mandat publiée le mois dernier.

Un porte-parole du Conseil canadien des affaires, qui représente les chefs d’entreprises à travers le pays, a indiqué jeudi qu’aucune personne de son organisation ne pouvait être jointe pour commenter le rapport du CCPA.