Yohan Belval est père de fillettes de 3 et 5 ans. Sa plus vieille ayant récemment contracté la COVID-19, la famille est confinée depuis le 8 décembre. Si tout le monde se porte bien, l’annonce mardi d’une réouverture des écoles primaires le 11 janvier, et non le 4, et une demande du premier ministre Legault de garder le plus possible les jeunes enfants à la maison plutôt que de les confier au service de garde minent son moral.

« On aurait aimé commencer la garderie plus vite, car on se tape tous sur les nerfs, lance le spécialiste en pratiques DevOps de GSoft. Ça a un impact d’être toujours ensemble. Mes filles auront besoin de voir du monde. »

Yohan Belval aura triplement de la compagnie pendant ses heures de travail au début de 2021, sa femme étant enseignante au primaire. « On devra tous les deux travailler le mieux qu’on peut, dit-il. On est chanceux malgré tout. Nos employeurs sont conciliants. Je suis d’ailleurs déjà en télétravail, car le bureau est fermé depuis mars. »

Mais son « bureau » à la maison n’est pas… fermé ! « Je suis dans le sous-sol qui est aussi une salle de jeux et de cinéma, explique Yohan Belval. Une trame sonore de Bambi accompagne mon travail ! Ma productivité est à 70 %, disons. »

Essoufflement

Allonger d’une seule semaine le retour à l’école et aux services de garde peut-il alourdir significativement le moral des employés ? « C’est une préoccupation, car ils sont essoufflés, répond Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Il y aura un effet psychologique. On comprend le contexte, mais ça met beaucoup de pression sur les individus, comme les parents qui devront notamment accompagner leurs enfants pour l’école à la maison. »

« Tu ne peux aller travailler sur le plancher d’une usine si tu as des enfants à la maison, ajoute Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), qui se réjouit par ailleurs que le secteur manufacturier ne ferme pas. Il y aura beaucoup de demandes de congé. Ce sera une semaine difficile. Ceux qui vont travailler auront une charge plus importante. »

Depuis neuf mois, les employeurs, des PME particulièrement, doivent à la fois soutenir leurs salariés et sauver leur peau. Et cette semaine supplémentaire de congé du temps des Fêtes a des conséquences lourdes sur eux, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). Surtout que beaucoup de PME n’auront pas accès à de l’aide d’urgence, ou encore ne peuvent tout simplement pas penser au télétravail. Qui plus est, leur capacité à retrouver leur main-d’œuvre s’affaiblit à mesure que la crise s’étire. « Les conséquences pour les petites entreprises sont toujours plus lourdes, car elles ont moins d’employés, note François Vincent, vice-président Québec de la FCEI, qui compte 24 000 membres au Québec. La moitié ont moins de cinq employés. L’impact sur la productivité est important. »

Selon un sondage réalisé en juillet dernier pour la FCEI, il est vital pour 40 % d’entre elles que les écoles retrouvent les horaires habituels pour la reprise normale de leurs activités. « Ça s’applique encore cette fois-ci », dit François Vincent.