(Québec) Le gouvernement Legault délie les cordons de sa bourse et allonge près de 800 millions pour la réalisation de son « Plan d’action nordique », la version 2.0 du fameux Plan Nord des libéraux. Québec a présenté lundi le détail de ses visées qui s’articulent autour de « 49 actions » au nord du 49parallèle.

Aux investissements de Québec (778,6 millions) s’ajoutera l’aide du fédéral (347 millions) et de l’entreprise privée (262 millions) pour la réalisation de certains projets spécifiques. C’est donc quelque 1,4 milliard de dollars qui seront consacrés à la mise en œuvre du plan du gouvernement de la Coalition avenir Québec, d’ici 2023.

« Nous présentons un plan d'action nordique qui ne sera pas figé dans le temps pour que les actions soient adaptées aux besoins des milieux », s'est réjoui le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien. Son plan visera notamment à accroître l’accès au territoire nordique, à protéger son environnement et à le rendre plus « attractif et dynamique » en diversifiant son économie.

Le ministre Julien estime que la version caquiste du Plan Nord est «beaucoup plus précise et concrète» que les moutures présentées en 2011 et 2015 par les libéraux en ciblant 49 actions. « Je voulais un plan d’action concret, mesurable, et une reddition de compte se fera sur une base annuelle", a assuré M. Julien.

Il souligne également que les priorités du plan d'action ont été déterminées par l'Assemblée des partenaires de la Société du Plan Nord, qui regroupe des élus et chefs autochtones des régions nordiques. «Ça correspond vraiment aux orientations des gens qui habitent le Nord. C'est là, la grande distinction», a-t-il illustré. Il admet néanmoins que le plan des libéraux a permis de «mettre le Nord sur la carte».

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles

Des actions spécifiques concernent aussi le développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits. Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a d'ailleurs participé à l’annonce, tout comme le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, à distance.

Le territoire du plan d'action nordique touche quatre nations autochtones: les Cris, les Inuits, les Innus et les Naskapis. Québec veut d'ailleurs amorcer la réfection du lien routier entre Schefferville et Kawawachikamach. « Ces mesures auront un impact concret pour le Nord, pour en faire un endroit où il fait bon vivre », a rajouté le ministre Lafrenière.

Les mesures vont de la réfection de liens routiers et ferroviaires au rehaussement des réseaux de télécommunication sur la Basse-Côte-Nord, en passant par le développement de l’offre de services de télésanté à la Baie-James et la création d’une clinique vétérinaire au Nunavik.

La part du lion (1,03 milliard) va aux infrastructures routières et ferroviaires de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec.

On misera sur le développement des infrastructures stratégiques de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire, à Sept-Îles, d’où sont expédiées les ressources minières de la fosse du Labrador.

Québec veut aussi maintenir « l’accès multiusager » à la fosse du Labrador exploitée par plusieurs géants miniers. Il faut rappeler que l’État québécois a mis la main sur le site de la Pointe-Noire en 2016, dans la foulée de la restructuration légale de la société Cliffs Natural Resources, pour en faire la plaque tournante du Plan Nord.

Le gouvernement inclut dans son plan nordique la poursuite du prolongement de la route 138 vers la Basse-Côte-Nord et l’amélioration de la route 389 vers Fermont, deux projets qui ont déjà fait l’objet d’annonces de la part du ministère des Transports du Québec et du gouvernement fédéral.

Plus « attractif et dynamique »

Selon nos informations, le plan de développement du gouvernement Legault consacrera 251,8 millions à rendre le Nord « plus attractif et dynamique ». On souhaite finaliser d’ici 2023 le déploiement de la fibre optique sur le territoire Eeyou Istchee Baie-James et poursuivre le projet d’amélioration des services internet au Nunavik.

C’est une des raisons pour lesquelles le gouvernement Legault a choisi le slogan « Habiter notre Nord » pour accompagner sa vision de développement.

On veut par exemple mettre en œuvre, avec le ministère de l’Éducation, des solutions technologiques adaptées aux besoins de formation à distance au sein des établissements d’enseignement situés en territoire nordique.

Des investissements de 32,4 millions et 43,2 millions sur trois ans seront aussi faits pour diversifier l’économie au-delà du 49e parallèle et préserver cet environnement nordique.

Par exemple, Québec espère développer la production et le marché des produits bioalimentaires et mettre en place des circuits touristiques.

Il est prévu de bonifier le Programme de développement de serres communautaires pour favoriser « la sécurité alimentaire ».

On maintient aussi le Fonds d’initiatives nordiques qui permet de soutenir des projets visant le mieux-être des communautés nordiques avec 11 millions sur trois ans.

C’est la Société du Plan Nord qui assurera la réalisation du Plan d’action nordique 2020-2023.

Le Plan Nord a été lancé en grande pompe par l’ex-premier ministre Jean Charest en 2011. L’année suivante avait été marquée par une chute draconienne du prix du fer, ce qui avait plombé le projet libéral. Le gouvernement de Philippe Couillard avait présenté sa nouvelle mouture du projet de développement nordique en 2015.

En entrevue au Soleil, en janvier 2019, le ministre Julien promettait de relancer le Plan Nord. La présentation du plan d’action caquiste a notamment été retardée en raison de la pandémie de COVID-19.