Le gouvernement de François Legault est appelé, dans un nouveau rapport parlementaire, à redoubler d’efforts pour la survie et l’indépendance des médias d’information.

Le document de 48 pages a été déposé mardi sous la supervision de la Commission de la culture et de l’éducation. Il a été cautionné par tous les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale, y compris la Coalition avenir Québec.

Afin de faire contrepoids à la chute des revenus publicitaires de la presse et de soutenir ce secteur en transformation, le rapport émet 20 recommandations. Les deux premières suggèrent que le gouvernement et les sociétés d’État augmentent leurs investissements publicitaires dans les médias québécois, et qu’ils leur réservent un pourcentage significatif.

Le rapport stipule ensuite que le gouvernement limite ses investissements publicitaires auprès des géants du numérique, soit les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), sans toutefois préciser à quel pourcentage.

Le document recommande aussi que « le gouvernement du Québec revendique, auprès du gouvernement fédéral, et en travaillant avec lui, la mise en place d’un nouveau régime fiscal visant entre autres les entreprises numériques étrangères, dont les GAFA ».

Pas assez concret

Bien que l’Association des agences de communication créative (A2C) et le Conseil des directeurs médias du Québec (CDMQ) aient salué le dépôt du rapport, des doutes ont été émis concernant la nature de ces mesures.

« Ceci est un pas dans la bonne direction. Nous aurions toutefois souhaité des actions concrètes qui vont au-delà des recommandations, car il est urgent d’agir », a déclaré Dominique Villeneuve, présidente-directrice générale de l’A2C, dans un communiqué de presse. Elle soutient, par exemple, qu’« il faut créer des mesures incitatives pour les entreprises qui achètent du média d’ici afin de stimuler les investissements ».

La porte-parole de l’opposition officielle en matière de culture et de communications, Isabelle Melançon, a demandé en point de presse au gouvernement de M. Legault d’arrêter de « se réfugier derrière le gouvernement fédéral ». « On a les capacités au Québec pour taxer les géants du numérique. »

« Ce sont de maudits bons pansements, mais c’est loin de suffire », a pour sa part déploré la députée de Québec solidaire Catherine Dorion, qui est sortie de son congé de maternité pour présenter le rapport.

Terrain commun

D’autres recommandations ont été mieux acceptées par les parlementaires, dont celle de permettre aux télévisions communautaires de diffuser des messages publicitaires contre rémunération, ce qui est actuellement interdit.

La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a aussi été appelée à « s’assurer que les conseils municipaux permettent l’enregistrement et la diffusion de leurs séances et que celles-ci soient accessibles à des fins de reportage aux journalistes et employés des médias d’information écrits ou électroniques ». Mme Laforest serait ouverte à cette recommandation, a indiqué Isabelle Melançon.