Le grand jour est arrivé pour la fintech montréalaise Nuvei, spécialiste des technologies de paiements électroniques. Ses actions doivent commencer à se négocier à la Bourse de Toronto ce jeudi matin sous le symbole NVEI.

Le prix initial de l’action et la taille du premier appel public à l’épargne n’étaient pas encore connus au moment d’écrire ces lignes. L’appétit des investisseurs ayant passé des commandes au cours des 10 derniers jours devrait contribuer à dicter le prix de départ du titre.

L’entreprise espérait récolter au moins 600 millions US et une centaine de millions additionnels en tenant compte de l’option pour attribution excédentaire offerte aux banquiers. L’argent récolté doit notamment servir à désendetter l’entreprise.

Les informations préliminaires émanant du prospectus provisoire permettaient d’attribuer à Nuvei une valeur d’entreprise de près de 3 milliards US (3,7 milliards CAN).

On sait déjà qu’il s’agit du plus important premier appel public à l’épargne dans le secteur des technologies effectué à la Bourse de Toronto, et du plus gros jamais réalisé par une entreprise du Québec depuis Pages Jaunes en 2003. Le premier appel public à l’épargne de Pages Jaunes avait permis à la société de lever 1 milliard de dollars canadiens.

La taille attendue du premier appel public à l’épargne de Nuvei en fait également l’un des trois plus importants effectués uniquement à la Bourse de Toronto (c’est-à-dire sans inscription simultanée sur une Bourse américaine) depuis 2014, après ceux de Kinder Morgan et de Hydro One.

Nuvei compte plus de 800 employés, dont environ 200 au siège social de Montréal, et plus de 50 000 clients (appelés marchands partenaires par l’entreprise).

En quête de rentabilité

Si le chiffre d’affaires de l’exercice financier 2019 a atteint 256 millions US, l’entreprise n’est pas rentable. Elle a généré des pertes de 70 millions US l’année dernière et prévient qu’elle prévoit continuer à générer des pertes pour un moment encore, car elle continue d’effectuer des investissements importants dans le développement de ses activités. Les pertes des 12 derniers mois atteignent d’ailleurs 117 millions US, bien que le chiffre d’affaires des 12 derniers mois s’élève à 316 millions US.

Nuvei est dirigée par Philip Fayer, un entrepreneur de 42 ans et ancien étudiant de l’Université Concordia. À la fois PDG et président du conseil de l’entreprise, c’est lui qui a fondé Nuvei il y a 17 ans.

Les trois plus gros actionnaires de Nuvei sont dans l’ordre la firme d’investissement privé Novacap, le PDG Philip Fayer et la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Le prospectus provisoire modifié publié le 4 septembre indiquait que Novacap prévoyait vendre un bloc de 3,6 millions d’actions à droit de vote multiple (10 pour 1) dans le cadre d’un placement secondaire réalisé conjointement avec le premier appel public à l’épargne.

Nuvei a changé son image il y a deux ans. L’entreprise a laissé tomber son nom original, Pivotal Payments. Les investissements originaux de la Caisse et de Novacap datent de l’époque où Nuvei s’appelait encore Pivotal.

Dans son prospectus, la direction souligne que le rôle de Nuvei dans l’écosystème des paiements gagne en importance en raison de l’innovation constante des paiements pour les opérations du commerce mobile et électronique et de l’absence de solutions satisfaisantes de la part des acquéreurs traditionnels.

« Nous croyons que nous faisons partie d’un groupe restreint de fournisseurs de services de paiement qui ont la capacité de servir des marchés verticaux complexes, y compris les jeux en ligne réglementés, les opérations de change réglementées et les services financiers réglementés », est-il précisé.

La direction estime par ailleurs que la pandémie accélérera l’essor du commerce mobile et électronique, à mesure que les consommateurs s’acclimateront à la nouvelle normalité, c’est-à-dire l’utilisation moins fréquente de l’argent comptant, et que les marchands passeront aux paiements sans contact et mobiles pour assurer la continuité de leurs activités.