L’imposition de tarifs sur l’aluminium canadien par l’administration Trump pourrait être l’occasion de transformer une « injustice » en occasion environnementale et de création d’emplois, croit le Syndicat des Métallos.

Depuis que le gouvernement américain a annoncé, au début d’août, l’imposition de tarifs de 10 % sur l’aluminium canadien, Ottawa a annoncé qu’il imposerait des contre-mesures de valeur égale, totalisant 3,6 milliards. Il mène présentement une consultation à ce sujet.

Dans le mémoire qu’il vient de faire parvenir à Ottawa, le Syndicat des Métallos, qui est affilié à la FTQ, ne pointe pas de produits américains en particulier qu’il aimerait voir taxés par ces contre-mesures.

« Les Américains nous font un coup en bas de la ceinture ; il faut répliquer. Il ne faut pas se limiter à l’aluminium américain. Il faut des contre-mesures qui touchent plus que l’aluminium américain », a toutefois insisté Dominic Lemieux, directeur québécois des Métallos, en entrevue mardi.

M. Lemieux conseille surtout d’accumuler les revenus de ces tarifs pour constituer un fonds dédié. Ce fonds servirait à moderniser l’industrie, à la rendre plus verte et à développer ici la transformation du métal primaire.

« Il faut par exemple favoriser la recherche et le développement pour que notre empreinte carbone soit plus basse », a suggéré M. Lemieux, qui est aussi vice-président de la FTQ.

Il y a de l’avenir et des occasions d’affaires pour l’aluminium et l’acier plus « verts », estime le syndicaliste, d’autant plus que les alumineries américaines, elles, sont plus vétustes et fonctionnent souvent au charbon.

Dans la même veine, il invite le gouvernement fédéral à considérer un « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ». Il s’agirait par exemple d’imposer des tarifs à l’acier ou l’aluminium polluants importés ici en provenance de pays qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre. De cette façon, l’aluminium qui provient de Chine ou de l’Inde deviendrait plus coûteux à utiliser pour des infrastructures ou des produits transformés ici — ce qui rendrait plus concurrentiel l’aluminium produit ici, avec des normes environnementales plus strictes.

On pourrait aussi intervenir au niveau de la rédaction des appels d’offres pour la construction d’infrastructures, par exemple spécifier qu’on veut de l’aluminium plus « vert ». « On en consommerait plus à l’interne », a conclu M. Lemieux.

« Nous, ce qu’on dit, c’est qu’on peut transformer cette injustice en occasion » pour créer ici des emplois dans la deuxième et troisième transformation et améliorer le bilan vert de l’industrie, a plaidé M. Lemieux.

Le Syndicat des Métallos représente plus de 2500 travailleurs dans l’aluminium, ses industries de transformation et sous-traitants, au Saguenay—Lac Saint-Jean, dans le Centre-du-Québec et sur la Côte-Nord.

Au début d’août, le président américain Donald Trump avait annoncé ces tarifs sur l’aluminium canadien en affirmant : « le Canada a profité de nous, comme d’habitude. Nos alumineries sont décimées par le Canada ».

La vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland avait ensuite annoncé que dans 30 jours, le Canada imposerait des contre-tarifs de 3,6 milliards.