Montréal vit un été difficile. Or, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a été incapable de présenter un plan de relance pour la métropole alors que les partis de l’opposition la pressaient mardi de donner des éléments de solution pour venir en aide à la ville.

En juillet, le taux d’occupation dans les hôtels au centre-ville était d’à peine 9,8 %, alors qu’il atteignait 83,5 % à la même période l’an dernier, selon les données fournies par l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM), qui compte une centaine de membres. Même dégringolade du côté du prix moyen par chambre, qui est passé de 220 $ en juillet 2019 à 137,25 $ cette année. Avec la fermeture des frontières qui empêche les voyageurs étrangers d’atterrir à Montréal et un centre-ville presque désert, l’industrie touristique de la métropole et les partis de l’opposition à Québec s’inquiètent et demandent au gouvernement Legault d’établir un plan pour l’avenir.

« Montréal se meurt, a lancé le député de Québec solidaire Vincent Marissal, lors d’une séance de l’étude des crédits budgétaires en tourisme, mardi à Québec. Qu’est-ce qu’on va faire ? C’est quoi, la suite du plan pour Montréal ? », a-t-il demandé à la ministre Proulx.

« Je suis très inquiète pour l’automne », a pour sa part indiqué la députée libérale Isabelle Melançon. Celle-ci a déclaré qu’elle ne voyait pas de signe de « reprise ». Elle dit craindre par ailleurs que certains hôteliers changent la vocation de leur établissement pour en faire des résidences pour personnes âgées, par exemple. Cette transformation aurait pour effet de réduire l’offre d’hébergement. « Moins on a d’offres, moins on devient attrayant pour les grands congrès », soutient-elle.

Pas de solutions concrètes

Bombardée de toutes parts, la ministre du Tourisme n’a pas été en mesure de donner des pistes de solution concrètes. « Je suis préoccupée par Montréal. C’est vrai qu’il y a une baisse de l’achalandage. Ce n’est pas juste lié au tourisme, a-t-elle répondu en faisant notamment référence au télétravail, qui contribue à diminuer l’affluence au centre-ville. Ça nous mène à repenser l’occupation de l’espace. »

« Tant que les frontières sont fermées et que les touristes internationaux ne peuvent rentrer à Montréal, c’est difficile. Tout mon gouvernement s’engage à ne pas délaisser Montréal », a martelé la ministre.

Pour le moment, toutefois, « ça va très mal pour Montréal », a lancé sans détour la PDG de l’AHGM, Ève Paré. Elle rappelle que, normalement, près de 80 % des visiteurs qui mettent les pieds dans la métropole proviennent de l’extérieur. « Les Québécois, ils ont plus tendance à prendre le large [qu’à venir en ville], soutient-elle. Tous les centres urbains vivent la même situation. L’été a vraiment mis en évidence l’écart entre la ville et les régions. »

Pour le moment, Mme Paré ne voit pas le bout du tunnel. « Le mois d’août ne sera pas mieux, croit-elle. Il n’y a pas de perspective de reprise. »

Nous avons entamé des discussions [avec le gouvernement]. Pour le moment, il n’y a pas de plan. Mais il y en aura certainement un. Montréal a été tellement éprouvé. On attend un plan rigoureux, un plan de relance.

Manuela Goya, vice-présidente, développement de la destination et affaires publiques, de Tourisme Montréal

Or, l’industrie risque d’attendre longtemps, selon Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’Université du Québec à Montréal. Celle-ci doute fort que le gouvernement investisse pour sauver l’industrie touristique montréalaise. « À Québec, on a mis beaucoup d’argent au début de la pandémie en santé et en éducation. Pour l’hiver, on n’a pas beaucoup de ressources. Je ne pense pas que le gouvernement va apparaître comme un sauveur [pour l’industrie touristique montréalaise]. C’est une industrie qui a toujours été fragile. »

Rappelons qu’au début de l’été, Québec avait annoncé un plan de relance de 750 millions pour le tourisme. Les annonces du gouvernement visant à soutenir l’industrie hôtelière, durement touchée par la pandémie, avaient alors été jugées insuffisantes par les associations d’hôtels. Au lieu de fournir de l’aide directe, elles permettent plutôt aux hôteliers d’obtenir des prêts à des conditions d’emprunt avantageuses. Une autre partie de la somme était consacrée à la vente de forfaits visant à inciter les vacanciers à sillonner le Québec.