Partout au Canada, les PME commencent à tirer des leçons de la crise qui paralyse leurs activités depuis un mois et sont un peu moins inquiètes pour la suite des choses, indique le plus récent sondage de la Banque de développement du Canada (BDC).

« Les programmes d’aide des gouvernements sont en place et les entreprises ont commencé à en bénéficier. Ça enlève une source d’inquiétude », explique Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC, qui offre du capital et du financement aux PME de tous les secteurs d’activité.

Selon l’estimation de la BDC, les gouvernements du Canada et des provinces ont jusqu’à maintenant débloqué 315 milliards pour atténuer les impacts de la crise du coronavirus, soit 15 % du produit intérieur brut. « C’est énorme et ça va aider à la reprise », estime M. Cléroux.

Au Québec, la reprise des activités sur les chantiers de construction résidentielle et l’ouverture des garages a aussi contribué à relever le moral des entrepreneurs. 

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE 

Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC

Les gens s’attendent à ce que la situation s’améliore.

Pierre Cléroux, économiste en chef de la BDC

Moins d’inquiétude

Ce coup de sonde de la BDC est le quatrième depuis le début de la crise. Il indique une diminution signification du niveau d’inquiétude des entrepreneurs pour l’économie canadienne et pour leur propre entreprise. Ils restent toujours préoccupés par l’état de l’économie mondiale.

Les principales craintes des PME se sont atténuées, constate le sondage. Celles-ci s’inquiètent moins de ne pas pouvoir garder leurs employés, de ne pas être capables de rembourser leurs dettes ou même de leur survie. Par contre, la moitié d’entre elles craignent de ne pas pouvoir entreprendre de nouveaux projets.

Par ailleurs, les PME tirent déjà des leçons de la crise qui les touche. Un bon nombre d’entre elles (19 %) ont l’intention de se doter d’un fonds d’urgence et d’accumuler des économies. D’autres ont décidé d’être plus présentes en ligne en offrant plus de produits et de services (16 %), et plusieurs ont l’intention de mettre en place une infrastructure de télétravail.

Des dommages permanents

Après un mois de paralysie, l’économie québécoise a déjà subi des dommages importants et permanents, croient un bon nombre d’économistes québécois, qui ont été interrogés par leur association professionnelle dans la semaine du 9 au 17 avril.

Plus de 20 % d’entre eux sont d’avis qu’il est déjà assuré que certaines entreprises ne rouvriront pas, une proportion qui grimpe à près de 69 % si l’arrêt des activités se prolonge d’un ou deux mois.

Ces pertes d’entreprises ou d’éléments de la chaîne de production de l’économie sont prévisibles, selon Yves St-Maurice, président du comité des politiques de l’Association des économistes québécois, qui a réalisé le sondage. « Ça arrive à toutes les récessions », dit-il, en précisant que les victimes seront les entreprises les plus vulnérables.

Avant la pandémie, quand l’économie allait bien, il y avait déjà des entreprises qui allaient mal.

Yves St-Maurice, président du comité des politiques de l’Association des économistes québécois, donnant en exemple le secteur du commerce de détail

Comme après toute récession, le choc permettra de réallouer des ressources humaines et financières vers les secteurs plus porteurs de l’économie, estime l’économiste.

Selon lui, il ne faut pas croire que la crise fera disparaître les problèmes de pénurie de main-d’œuvre du Québec. « Ça va peut-être être moins criant à court terme, mais ça va revenir parce qu’il s’agit d’un problème fondamental lié au vieillissement de la population », observe-t-il.

Si les économistes s’entendent sur le bien-fondé des importantes dépenses gouvernementales pour juguler la crise, ils sont divisés sur le temps qu’il faudra pour en sortir. Le sondage indique que 39,2 % d’entre eux croient que l’économie du Québec se remettra de la pandémie dans moins d’un an, tandis qu’il y en a autant (38,5 %) qui prévoient que ça sera beaucoup plus long.