La firme Partenaires Walter Capital a été créée il y a cinq ans pour diversifier les investissements de la société de gestion de patrimoine de la famille Somers, jusque-là totalement investie dans l’entreprise Walter Technologies pour surfaces et dans les marchés boursiers. Éric Phaneuf et son associé de l’époque, Pierre Fitzgibbon, avaient eu le mandat de mettre sur pied une stratégie d’investissement directe dans les PME, dont on mesure aujourd’hui les résultats.

On a entendu parler de vous en novembre dernier lorsque vous avez investi 20 millions dans le rachat d’une participation prépondérante dans le Groupe Athos, propriétaire des salons funéraires et des cimetières Urgel Bourgie et Lépine et Cloutier au Québec. Quel était le but de cet investissement ?

Le groupe Athos cherchait un partenaire financier pour poursuivre sa croissance et plusieurs de ses actionnaires désiraient retirer leurs billes. On a donc racheté ces actionnaires et avec nos partenaires, on a injecté les fonds pour assurer la croissance du groupe via des acquisitions et l’ouverture de nouvelles succursales.

On n’avait pas ciblé le secteur des services funéraires en particulier, mais il répondait à notre thèse d’investissement. Un secteur sensible au vieillissement de la population, à l’épreuve des récessions, générateur de liquidités et avec des plateformes bien implantées dans leur marché.

Partenaires Walter Capital a été fondée en novembre 2015 avec un capital de départ de 100 millions. Combien d’investissements avez-vous réalisés jusqu’à maintenant ?

On a complété [jusqu’à présent] neuf investissements. On a pris une participation majoritaire dans quatre entreprises et des participations prépondérantes dans cinq autres entreprises.

Le premier investissement qu’on a fait a été dans l’entreprise BonLook en juillet 2016. BonLook vendait des lunettes en ligne, mais voulait aussi développer un réseau de boutiques.

On a été séduits par le dynamisme et la vision du marché des deux entrepreneurs, Sophie et Louis-Félix Boulanger, qui ont lancé BonLook. On a financé l’ouverture de 16 boutiques la première année et BonLook en compte aujourd’hui 34 au Canada.

En quatre ans, on a multiplié par dix le chiffre d’affaires. Notre objectif est simple, c’est de bâtir une meilleure entreprise. On a nommé des experts au conseil d’administration, Josée Perreault, l’ancienne VP d’Oakley, et Anna Martini, l’ancienne PDG de Dynamite.

Quels sont les secteurs d’activité que vous privilégiez ?

On est dans le secteur de la santé et du bien-être avec le Groupe Epiderma. On y a investi il y a trois ans, et le groupe est passé de 16 à 33 cliniques au Québec.

On aime aussi le secteur de la distribution alimentaire où on a réalisé le deuxième de nos investissements [en importance] en prenant une position dans Alimplus, un des plus gros acteurs indépendants au Québec qui exploite le magasin-entrepôt Mayrand qui va ouvrir deux nouveaux sites prochainement.

Vous allez bientôt voir à Montréal un nouveau magasin de bagels. C’est un entrepreneur montréalais qui a créé et ouvert trois restaurants Kettleman’s à Ottawa qui va en ouvrir deux à Montréal et plusieurs autres en Ontario. On l’accompagne.

Vous avez lancé Partenaires Walter Capital avec Pierre Fitzgibbon comme coassocié directeur et il a quitté l’entreprise lorsqu’il s’est lancé en politique. Qui l’a remplacé ?

Depuis novembre dernier, c’est Éric Doyon, qui était chez Entrepreneur Capital, qui agit comme coassocié directeur de Walter Capital. Il faut savoir que nous participons tous les deux à chacun des financements que nous réalisons.

On [s’engage] financièrement de façon substantielle alors on a intérêt à bien nous entendre avec nos partenaires.

Vous êtes-vous fixé des cibles à atteindre dans le temps, que ce soit le nombre d’investissements que vous souhaitez réaliser ou leur valeur totale ?

On avait prévu investir 100 millions sur cinq ans. On a atteint cet objectif en deux ans. La Société financière Walter, le holding de la société de patrimoine de la famille Somers, s’est [engagé] pour un montant additionnel de 150 millions qu’on devrait atteindre d’ici quatre ans.

En plus de la Société financière Walter et de Partenaires Walter Capital, la famille Somers a aussi mis sur pied Walter Gestion d’actifs mondiale qui gère 40 millions.

Pierre Somers a vendu il y a deux ans Walter Technologies pour surfaces, l’entreprise que son père avait fondée, à Onex et il n’a conservé qu’une participation passive, mais il a littéralement créé une toute nouvelle entreprise d’investissement.

On a justement l’impression qu’il y a aujourd’hui une surabondance de capital de croissance. Est-ce que c’est le cas ?

C’est vrai que de plus en plus de sociétés de gestion de patrimoine familial s’impliquent dans le capital de croissance. On n’a qu’à penser aux investissements de la famille Sirois, des Bronfman via Claridge, ou de Gaspé Beaubien.

Mais nous, on souhaite amener les entreprises à un nouveau stade de maturité. On n’a aucun horizon de sorties de capital. On est là pour du long terme et avec un accompagnement actif.

Sur les neuf entreprises dans lesquelles on est devenus partenaires, j’ai participé à la nomination d’un nouveau PDG avec les conseils d’administration de chacune d’entre elles. On est là pour partager notre expertise, en faire profiter nos partenaires.

Quelle sera la prochaine étape de votre développement ? Est-ce qu’il y a des secteurs en particulier que vous souhaitez ajouter à votre portefeuille d’investissement ?

On est actuellement partenaires de six entreprises au Québec, de deux en Ontario et d’une en Colombie-Britannique. Ce que l’on souhaite, c’est de nous diversifier au cours des prochaines années et d’aller du côté des États-Unis.

On voulait y aller, mais le timing n’était pas bon. Là, on juge qu’après dix années de croissance ininterrompue, il va y avoir des occasions qui vont se présenter et on va en profiter pour réaliser des prises de position.