(Montréal) Épaulés par des députés du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique, des contrôleurs ferroviaires du CN qui travaillent au Québec dénoncent le transfert de leurs emplois à Edmonton — une délocalisation qui pose des problèmes de sécurité, selon eux.

Ces contrôleurs, au nombre de 108, sont membres du syndicat des Teamsters, affilié à la FTQ. Ils ont appris la semaine dernière que leurs emplois seraient transférés à Edmonton d’ici la fin du mois d’octobre.

Au cours d’une conférence de presse, jeudi à Montréal, ils ont demandé l’intervention du ministre des Transports, Marc Garneau.

« En aviation, on a sept centres de contrôle aérien. Ce n’est pas pour rien ; c’est parce qu’il y a du trafic et qu’on sait qu’il peut y avoir des réalités qui vont différer d’une région à l’autre. Avoir un seul centre de contrôle ferroviaire pour l’ensemble du pays, nous, on trouve ça particulièrement inquiétant », a résumé le député bloquiste Xavier Barsalou-Duval, porte-parole pour les dossiers des transports.

« On l’a vu après la tragédie de Lac-Mégantic que l’autoréglementation des compagnies ferroviaires, c’était une pratique dangereuse que le gouvernement avait et, malheureusement, depuis la tragédie de Lac-Mégantic, il ne semble pas y avoir eu de changement majeur dans les orientations et les politiques publiques », s’est plaint le député bloquiste.

Alexis Philion, porte-parole du groupe, s’attend à ce qu’au plus 15 % de ses collègues acceptent d’être relocalisés à Edmonton. Les autres perdront donc leur emploi et devront réorienter leur carrière, puisque peu de sociétés embauchent des contrôleurs ferroviaires au Québec.

M. Barsalou-Duval voit aussi un problème de sécurité à cause de la présence d’une gare de triage, où il y a circulation de matières dangereuses, à côté du centre de contrôle ferroviaire d’Edmonton.

Bilingues à Edmonton ?

De plus, ils craignent que les employés à Edmonton ne soient pas bilingues, posant ainsi des problèmes de compréhension quant aux consignes.

« Le gouvernement joue à l’autruche avec la sécurité ferroviaire », s’est exclamé Mario Beaulieu, député du Bloc et responsable du dossier linguistique.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mario Beaulieu, du Bloc québécois

En réplique à cet aspect, la direction du CN a fait valoir qu’elle avait déjà affiché les postes en précisant le critère du bilinguisme. Mais les contrôleurs doutent que le CN parvienne à recruter des contrôleurs parlant le français à Edmonton.

« Un service en français sera disponible pour nos équipes de trains et nos partenaires dans les régions francophones et bilingues, et ce, en tout temps », a répondu la direction.

Elle réfute les arguments laissant entendre qu’il y aurait des problèmes de sécurité avec ce transfert d’emplois. « La sécurité est une valeur fondamentale au CN et le plan d’intervention d’urgence demeurera inchangé », fait valoir la direction du CN.

Elle ajoute que si un incident sérieux survenait, elle pourrait disposer d’autres sites de repli — qu’elle ne dévoile pas, pour des raisons de sécurité.

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice demande au ministre Marc Garneau de voir à ce que Transports Canada intervienne auprès du CN, notamment pour faire renverser la décision.