Pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle mise en garde plus alarmiste que la veille ne soit formulée sur les possibles impacts économiques négatifs que va générer le coronavirus si sa propagation n’est pas rapidement circonscrite. Cet effet de panique grandissant qui s’explique par la place importante qu’occupe aujourd’hui la Chine dans l’économie mondiale semble vouloir prendre une ampleur démesurée.

Une précision de départ : je ne veux surtout pas ici banaliser la dangerosité du coronavirus, rebaptisé depuis hier COVID-19, ni minimiser les effets pour la santé que représente sa propagation à l’échelle planétaire. Le COVID-19 a déjà fait plus de 1000 victimes en Chine, surpassant ainsi le bilan meurtrier de l’épidémie de SRAS qui avait fait près de 800 morts en 2003.

PHOTO ANTHONY WALLACE, AGENCE FRANCE-PRESSE

À l’évidence, les images qui proviennent de la Chine ne sont pas de nature à calmer le jeu et ont plutôt tendance à amplifier, aux yeux des Occidentaux, l’état de panique qui existe sur place.

Ce qui m’inquiète et surtout me surprend, c’est de constater à quel point on amplifie davantage chaque jour les risques que ce virus pose sur la croissance économique mondiale et, par le fait même, sur la croissance économique canadienne.

À l’évidence, les images qui proviennent de la Chine ne sont pas de nature à calmer le jeu et ont plutôt tendance à amplifier, aux yeux des Occidentaux, l’état de panique qui existe sur place.

L’ampleur et la rigidité des mesures de confinement et leur stricte application par les autorités chinoises ont donné froid dans le dos alors que plus de 50 millions de citoyens chinois ont été assignés à résidence. Personne ne souhaiterait vivre pareille contrainte à l’isolement forcé, il y a véritablement de quoi devenir claustrophobe.

Cela dit, les économistes s’entendent pour dire que l’épidémie de COVID-19 va retrancher entre 1 % et 1,5 % à la croissance économique chinoise ; la progression du produit intérieur brut, prévue à 6 % pour l’année 2020, devrait être de l’ordre de 4,5 % à 5 %.

Comme la Chine représente 16 % de l’activité économique mondiale, on estime que celle-ci pourrait être amputée de 0,4 % pour l’ensemble de l’année, ce qui n’est pas négligeable, sans être catastrophique pour autant.

L’interruption de l’activité manufacturière décrétée dans plusieurs provinces chinoises, où on a décidé de prolonger le congé du Nouvel An, a été levée lundi.

La reprise progressive de la production industrielle en Chine devrait réduire les appréhensions que plusieurs nourrissaient selon lesquelles la chaîne d’approvisionnement mondiale allait souffrir de la forte diminution de l’input chinois.

Je ne pense pas comme Donald Trump que la crise du COVID-19 va se résorber avec la seule arrivée du beau temps, mais je constate comme plusieurs que l’épidémie actuelle ne s’est pas propagée avec la même ampleur que l’épidémie de SRAS en 2003, alors que 44 citoyens canadiens de la région de Toronto ont perdu la vie.

Les autorités chinoises ont vraiment mis le paquet pour empêcher que la propagation de l’épidémie soit semblable à celle du SRAS, et c’est ce qui en fait une crise aussi spectaculaire en Chine.

Des impacts ciblés chez nous

Chez nous, plusieurs économistes reconnaissent que l’énigmatique COVID-19 va avoir des impacts négatifs sur la croissance économique, mais que ces derniers seront mineurs.

Rappelons qu’en 2003, lorsque l’Organisation mondiale de la santé avait recommandé aux voyageurs d’éviter de se rendre à Toronto en raison du SRAS, la croissance économique canadienne n’avait été touchée que de 0,1 % en raison de cette immense crise de santé publique.

En dépit de cette réalité historique, on entend chaque jour de nouvelles mises en garde sur les effets prochains de la crise du COVID-19.

Mardi, ç’a été au tour du ministre fédéral des Finances Bill Morneau de faire la manchette avec ce sujet chaud, lorsqu’il a affirmé à son tour que le coronavirus allait avoir un impact significatif sur l’économie canadienne.

Bien que le ministre ait avoué qu’il n’était pas en mesure de déterminer quels allaient être les impacts économiques négatifs de la crise, il a toutefois précisé que ses effets allaient particulièrement se faire sentir dans l’Ouest canadien.

On le comprend bien. Depuis le déclenchement de la crise, il y a un mois, le prix du baril de pétrole a chuté de plus de 20 % en raison de l’effondrement de la consommation chinoise, et c’est évident que l’économie albertaine va faire les frais de cette chute de prix conjoncturelle.

Fait à souligner, que plusieurs lecteurs m’ont signalé, la chute de 20 % des prix du pétrole ne s’est pas répercutée sur les prix à la pompe, alors que le prix du litre d’essence se détaille toujours autour de 1,20 $. Les pétrolières sont-elles convaincues qu’il s’agit d’une situation temporaire et qu’il ne vaut pas la peine d’intervenir ?

La chute des prix du pétrole est un effet on ne peut plus prévisible de la crise du COVID-19, comme la chute des prix de certaines matières premières provoquée par le ralentissement forcé de la production manufacturière chinoise.

Ces effets négatifs sont passagers et ne devraient pas influer outrageusement sur la croissance économique canadienne. Aucune institution n’a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2020, parce qu’on ne sait pas comment va se terminer cette épidémie du COVID-19 et quelles seront ses répercussions exactes.