(Ottawa) Maintenant que les États-Unis et le Mexique ont ratifié le nouvel accord de libre-échange, c’est au tour du Canada de le faire « sans délai indu ». Car le temps n’est plus à la négociation, mais bien à l’action, insiste la vice-première ministre Chrystia Freeland.

« On a déjà négocié pendant longtemps. On a réussi à améliorer l’accord. Le moment de faire des changements, c’était quand on était en négociation avec les autres pays », a-t-elle plaidé en conférence de presse, lundi.

« Maintenant, on a un accord qui est déjà conclu, et c’est le moment pour les députés de la Chambre de décider s’ils sont prêts à l’appuyer », a-t-elle ajouté après avoir déposé un avis de motion de voies et moyens qui doit être soumis à un vote de confiance mercredi.

Il serait étonnant que l’opposition conservatrice saisisse l’occasion pour faire tomber les libéraux minoritaires.

La décision n’a pas encore été prise, mais au Parti conservateur, on a toujours été ouverts aux accords de libre-échange.

Le député Alain Rayes

Par contre, le Bloc québécois s’y opposera si le texte n’est pas amendé afin d’inclure des mesures pour protéger davantage les travailleurs de l’industrie de l’aluminium, a réitéré lundi le chef de la formation, Yves-François Blanchet, laissant entendre qu’il existe « peut-être des solutions qui ne requièrent pas l’ouverture complète » du traité tel que négocié.

Autrement, « dans l’état actuel des choses, il n’y aura pas de vote favorable du Bloc québécois », car « lorsqu’on est un gouvernement minoritaire dans un Parlement, le “c’est à prendre comme tel” n’existe pas », a-t-il fait valoir en mêlée de presse.

À son arrivée à la période des questions, le premier ministre Justin Trudeau ne s’est pas privé de noter que sur la question de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), les bloquistes sont en porte-à-faux avec le gouvernement québécois.

« Le premier ministre François Legault a souligné que c’était dans l’intérêt des Québécois de ratifier rapidement [le nouvel] ALENA, et j’espère que le Bloc québécois va penser à l’intérêt des Québécois et pas juste à leur intérêt politique », a-t-il laissé tomber.

Mettre fin à l’incertitude

Le Sénat américain, à majorité républicaine, a approuvé l’entente le 16 janvier dernier, un mois après que la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, y eut donné son feu vert.

Le sceau final du Canada viendra mettre fin à l’« incertitude » qui régnait depuis 2017, a plaidé Chrystia Freeland, refusant toutefois de préciser si le Canada s’était engagé auprès des deux autres partenaires à respecter un échéancier précis.

C’est une bonne question pour les partis de l’opposition. La balle est dans leur camp.

Chrystia Freeland

Au Nouveau Parti démocratique, le chef Jagmeet Singh a dit souhaiter « examiner attentivement » l’accord. « Nous allons en discuter en caucus et participer aux débats à la Chambre des communes et voir s’il est réellement bénéfique pour les Canadiens et Canadiennes », a-t-il affirmé dans une déclaration transmise à La Presse lundi soir.

Par l’entremise d’une déclaration publiée sur le site du Conseil de la fédération, les premiers ministres des provinces et des territoires ont pressé les parlementaires fédéraux de ratifier le traité « le plus rapidement possible ».

Une adoption expéditive « permettra aux entreprises canadiennes de tirer profit des dispositions modernisées de cet accord, rétablira la certitude des marchés et contribuera à la prospérité économique du Canada », ont-ils exprimé vendredi dernier.

L’appui de l’un des trois partis de l’opposition est suffisant pour s’assurer que l’ACEUM soit approuvé à la Chambre des communes. Le projet de loi se transporterait ensuite devant le Sénat du Canada.