Oblique FX, studio montréalais qui a notamment contribué aux effets spéciaux de films comme Arrival, Chasse-Galerie et Sicario, ferme ses portes. Aux prises avec une dette de près de 1 million de dollars, considéré comme insolvable, le studio a fait faillite le 20 décembre dernier et confié tous ses biens à un syndic, afin qu’ils soient distribués aux créanciers.

Lors du passage de La Presse, mardi, les bureaux d’Oblique FX dans une tour de bureaux du centre-ville de Montréal étaient totalement déserts, le courrier s’empilant dans la boîte aux lettres de l’entrée. Un avis apposé sur la porte vitrée annonçait la faillite et le fait que les biens de l’entreprise appartenaient désormais au syndic, BLT Lapointe.

Il a été impossible de joindre un responsable d’Oblique FX, fondé et dirigé depuis 2008 par Benoit Brière. L’entreprise comptait une quarantaine d’employés.

Portfolio bien garni

Selon Sylvain Lapointe, de BLT Lapointe, ce sont « d’importantes pertes d’opération au cours de l’exercice financier et la saisie des comptes de banque par le gouvernement, en raison d’importants retards » qui ont mis Oblique FX en faillite.

Le studio semblait pourtant avoir le vent dans les voiles ces dernières années, avec un portfolio plutôt impressionnant de productions américaines et québécoises. The Lighthouse, Aurélie Laflamme : Les pieds sur terre, La belle et la bête et Louis Cyr sont quelques-uns des 57 films auxquels a contribué Oblique FX depuis une décennie, en plus de 71 contrats de télévision. En 2019, le studio a remporté deux trophées, un prix Iris et un prix Écrans canadiens, pour les effets visuels du film Dans la brume.

Les créanciers

Selon le bilan déposé en Cour supérieure, Oblique FX a des actifs totalisant 339 669 $, dont la plus grande partie, 208 000 $, consiste en équipements divers. Ces actifs sont loin d’être suffisants pour éponger les dettes, qui s’établissent précisément à 930 973,56 $. Les plus importants créanciers, qui seront remboursés en priorité, sont Revenu Québec et l’Agence du revenu du Canada, qui réclament à eux deux 254 387 $ pour les cotisations à la source prélevées auprès des employés.

L’autre créancier important est la Banque Nationale, avec une dette de 148 000 $ qui ne sera vraisemblablement pas recouvrée entièrement. On retrouve par ailleurs 34 créanciers non garantis totalisant 475 585 $, les plus importants étant encore les deux ordres de gouvernement pour 197 783 $ de taxes et impôts non payés. Le studio en faillite doit en outre 58 840 $ en loyer et 8478 $ à Fibre Noire pour sa connexion internet.

Les créanciers sont convoqués le 17 janvier prochain dans les bureaux du syndic, situés côte du Beaver Hall. On dévoilera également à cette occasion les offres d’achat des biens du studio.

Concurrence internationale

Malgré des contrats prestigieux, Oblique FX était relativement peu connu des médias montréalais, bien moins souvent cité que son compétiteur Rodeo FX, par exemple. La Presse avait relevé en 2013 une poursuite de 1 million du partenaire de l’époque d’Oblique FX, Fondaction. Le fonds de travailleurs de la CSN, qui avait acquis 40 % des actions du studio, estimait avoir été victime de « fausses représentations ». Fondaction ne détient plus aucune participation dans Oblique, a-t-on confirmé hier.

Depuis plusieurs années, d’autres grands concurrents internationaux sont venus s’ajouter à Montréal avec des studios d’effets spéciaux de plusieurs centaines d’employés, notamment l’américaine Reel FX, l’allemande Scanline VFX et les trois studios britanniques Cinesite, Framestore et MPC.