(Montréal) Le financement pour le projet d’expansion du Port de Montréal à Contrecœur prend forme, et ce, même si ce projet n’a toujours pas reçu l’approbation des autorités réglementaires sur le plan environnemental.

La Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) a annoncé mercredi à Montréal qu’elle est prête à investir jusqu’à 300 millions dans le futur terminal à conteneurs sur les terrains de la municipalité montérégienne qui appartiennent au Port de Montréal.

« Dans quelques années, nous serons à capacité terrestre au niveau de la manutention des conteneurs. Ne pas développer un projet comme Contrecœur, ça équivaudrait à mettre une espèce de “no vacancy” à la porte du port (de Montréal) », a expliqué la présidente-directrice générale de l’Administration portuaire de Montréal, Sylvie Vachon, en conférence de presse.

La BIC : une assurance pour le secteur privé

Le montage financier du projet, dont les coûts totaux sont estimés entre 750 et 950 millions, reste à finaliser avec, notamment, une participation du secteur privé qui, selon Mme Vachon, ne devrait pas se faire prier à la suite de cette annonce.

« La Banque (de l’infrastructure) vient appuyer le projet pour de très nombreuses années. Ça permet de “dé-risquer” le projet au niveau financier et de lui donner un erre d’aller pour que les opérateurs privés, les partenaires, voient aussi que […] les premières années, qui vont être les plus difficiles, vont être (soutenues) par une banque qui est là pour du très long terme », a-t-elle dit.

L’étonnante fourchette de 750 à 950 millions s’explique par le fait que la version finale du terminal dépendra des intentions du futur opérateur privé qui déterminera l’ampleur du projet en fonction de ses besoins.

Le projet doit créer 5000 emplois durant la construction et un millier d’emplois une fois mis en activité.

Toujours pas de feu vert environnemental

Les travaux de construction doivent débuter en 2021 et la mise en service est prévue pour 2024, mais l’approbation de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale n’est toujours pas acquise. Or, l’impact de l’installation n’est pas négligeable ; le terminal ajoutera 1200 camions par jour à la circulation locale, un train par jour sur la voie ferrée locale et deux à trois navires par semaine sur le fleuve Saint-Laurent au départ et beaucoup plus si le terminal atteint sa pleine capacité.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, qui participait à l’annonce, a promis que le projet n’irait pas de l’avant s’il n’obtenait pas le feu vert de l’Agence, mais il a dû se défendre de tenir l’approbation pour acquise en annonçant déjà des éléments de financement.

Il a expliqué que la planification exigeait un travail de fond qui devait aller de l’avant de manière préliminaire.

« Un gros projet comme celui de Contrecœur, ça prend énormément de planification. Ça prend la question du financement — et on en annonce une partie aujourd’hui — et ça prend aussi l’évaluation environnementale. Mais l’évaluation environnement est bien avancée et nous voulons aider le projet en permettant à certaines activités comme le financement et la planification de procéder », a précisé le ministre.

Deux espèces sont à risque en marge de ce projet, soit la rainette faux-grillon, une grenouille classée « vulnérable » par les autorités provinciales, et un poisson, le chevalier cuivré qui, lui, est en voie de disparition et que l’on ne retrouve nulle part ailleurs qu’au Québec. L’habitat de ces deux espèces serait nécessairement affecté puisque le projet prévoit de draguer le fond du fleuve à cette hauteur et, évidemment, construire des quais.

« On est en train d’évaluer tout ça, a dit le ministre. Oui, il y a certaines espèces à risque et ça va être pris en considération dans l’évaluation, qui est bien avancée en ce moment, mais on va tout regarder. »

Le Port de Montréal a manutentionné 1,7 million de conteneurs en 2018 et approche de sa capacité maximale. Le terminal de Contrecœur ajoutera une capacité additionnelle de 1,15 million de conteneurs.