Claude Béland, géant québécois à la direction du Mouvement Desjardins de 1987 à 2000, est décédé au petit matin, dimanche, entouré de sa famille.

Rejoint au téléphone, Philippe Béland a pu confirmer le décès de son père.

« Il est parti paisiblement, à la suite d’une condition au niveau du cœur, a-t-il affirmé avec émotion à La Presse. Il allait avoir 88 ans en janvier. Les choses se sont compliquées au cours des dernières semaines. Il est entré à l’hôpital jeudi. »

« Hélas ! » s’est exclamé Yves Michaud, ancien politicien et journaliste québécois, rejoint par téléphone par La Presse. Claude Béland a aussi été le président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), mouvement qu’a fondé Yves Michaud.

« C’était un homme remarquable, a ajouté ce dernier. Il a régné sur le Mouvement Desjardins, le coffre-fort des Québécois, de façon remarquable et pendant très longtemps. »

« Le Québec perd un grand homme, qui fut un ardent promoteur des valeurs coopératives, a déclaré Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins par voie de communiqué. Il a certes été, à l’occasion, critique à l’égard de Desjardins, mais cela témoignait en même temps de son attachement profond envers cette institution coopérative, dont il a assumé la présidence à un moment charnière de son histoire ».

« Grand humaniste », « philosophe », « orateur hors pair » : le communiqué publié par le Mouvement Desjardins déborde de commentaires élogieux pour son ancien président, en selle pendant treize années marquées par le virage technologique.

Sur les réseaux sociaux, les éloges de personnalités politiques québécoises affluent.

Le premier ministre François Legault n’a pas tardé à réagir à la nouvelle par le biais de son compte Twitter, peu après 14 h cet après-midi.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a aussi commenté la mort de M. Béland sur Twitter.

La mairesse de Montréal Valérie Plante a émis un tweet peu après 15 h 30.

Les autres chefs de partis à Québec ont tous commenté la mort de l’ancien mandarin du Mouvement Desjardins.

CAPTURE D'ÉCRAN

CAPTURE D'ÉCRAN

« C’est une perte pour le Québec », a commenté Alban d’Amours, président du Mouvement Desjardins de 2000 à 2008, successeur de Claude Béland après le départ de celui-ci à la tête de la coopérative.

M. D’Amours a travaillé côte à côte avec Claude Béland dès son arrivée à Desjardins, en 1988. « Il représentait beaucoup pour moi. Il m’a beaucoup inspiré, a raconté Alban D’Amours. J’avais l’habitude de dire que je suis allé à son école, à l’école de Claude Béland. »

« Il représente énormément pour le Québec, a-t-il fini par ajouter. Il était très soucieux d’avoir une démocratie très vivante, très représentative de la société ».

Monique Leroux, la dernière présidente du Mouvement Desjardins de 2008 à 2016, aujourd’hui présidente du Conseil d’administration d’Investissement Québec, a souligné le rôle de Claude Béland dans l’évolution de la coopérative. « Je crois qu’il a essentiellement amené la Fédération unique, ce qui a permis de pouvoir faire évoluer et grandir le Mouvement Desjardins, a-t-elle dit ».

« Comme plusieurs des présidents qui ont marqué le Mouvement Desjardins, dont il fait certainement partie, j’ai tendance à penser que chaque président, et éventuellement chaque présidente, a souvent été choisi par le Mouvement Desjardins au bon moment pour répondre aux défis du temps », a-t-elle ajouté.

Claude Béland s’est signalé tout au long de sa carrière par un engagement authentique envers un Québec économiquement plus fort, socialement plus équitable et politiquement maître de son destin. Il a intégré toutes ces dimensions à la conception et à l’exercice du coopératisme qu’il a pratiqué au sein du Mouvement Desjardins. C’était en plus un homme d’honneur, d’intégrité et de parfaite courtoisie. J’ai eu l’occasion de travailler encore récemment à ses côtés, où j’ai pu apprécier à nouveau les qualités de cet homme exceptionnel dont je conserve un souvenir reconnaissant et amical.

Lucien Bouchard, ex-premier ministre du Québec