L’ère du charbon a officiellement pris fin après la Première Guerre mondiale, quand le pétrole a commencé à prendre sa place. En réalité, presque 100 ans plus tard, le charbon reste la deuxième source d’énergie consommée dans le monde.

Et la consommation de charbon augmente, même si on aime croire qu’il est en voie de disparition. En 2018, la consommation de charbon a augmenté de 1,4 %, deux fois plus rapidement qu’au cours des dix dernières années, selon la compilation statistique annuelle de BP.

Ce bilan énergétique mondial est plutôt déprimant, en particulier pour ceux qui prédisent la fin prochaine du pétrole et son remplacement par des énergies vertes. L’un d’eux, l’économiste américain Jeremy Rifkin, dans un livre qui vient de paraître, prédit que la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028.

Ça paraît bien optimiste, ou même surréaliste, quand on jette un coup d’œil sur l’évolution de la consommation d’énergie dans le monde au cours des 15 dernières années.

Les énergies renouvelables, solaire et éolienne surtout, connaissent une croissance phénoménale partout dans le monde. Cette croissance, menée par le solaire, a été de 14,5 % l’an dernier. Ça peut faire oublier le fait que, toutes formes confondues, les énergies renouvelables ne pèsent pas lourd dans la consommation totale mondiale.

La part du charbon est en baisse, mais elle représente tout de même 27,2 % de toute l’énergie consommée dans le monde. Pas chez nous, direz-vous ? Faux, le charbon est toujours utilisé au Québec, dans les cimenteries, et il sert encore à produire de l’électricité en Alberta et en Saskatchewan.

Au Canada, le gouvernement a pris l’engagement d’éliminer la production d’électricité avec du charbon en 2030. Mais ailleurs dans le monde, de nouvelles centrales au charbon continuent d’être construites et fonctionneront selon toute vraisemblance pendant des décennies encore. D’autant que le prix du charbon est à la baisse et que les réserves sont abondantes, ce qui encourage la consommation.

L’an dernier, la plus forte augmentation de la consommation de charbon n’est pas venue d’Asie, mais de la Russie et de ses anciennes républiques (Biélorussie et Kazakhstan). Les pays d’Afrique affichent la deuxième augmentation en importance (+ 3,9 %), l’Égypte et le Maroc en tête. L’Amérique latine suit, avec une hausse de 3,7 % de sa consommation de charbon, la plus importante augmentation venant de Trinité-et-Tobago, de la Colombie et de l’Équateur.

L’Asie reste, de loin, la région qui a consommé le plus de charbon en 2018, soit 75 % du total. L’Amérique du Nord, soit le Canada, les États-Unis et le Mexique, vient en deuxième place, avec 9,1 % du total, et l’Europe est troisième, avec une part de 8,1 %.

Consommation totale en hausse

En matière d’énergie, les chiffres d’une seule année ne disent pas tout. Sur une période de 10 ans, soit entre 2007 et 2017, la consommation totale de charbon est aussi en hausse, mais au rythme moins élevé de 0,7 %. Par contre, dans plusieurs parties du monde, la hausse est significative. C’est le cas de l’Amérique latine (+ 2,9 %) et des pays asiatiques (+ 2,3 %).

L’annonce de la mort du charbon est donc nettement exagérée. Celle de la fin imminente du pétrole aussi, de toute évidence.

En fait, la consommation d’énergie sous toutes ses formes continue d’augmenter. C’est le principal constat du bilan de la dernière année sur la planète énergie.

En 2018, la consommation a augmenté de 2,9 %, le rythme le plus élevé depuis 2010. Les émissions de CO2 ont crû de 2 %, la plus forte augmentation depuis sept ans.