Au lendemain des élections, les attentes des différents secteurs de l’industrie envers les troupes de Justin Trudeau sont grandes. L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement minoritaire suscite néanmoins de l’inquiétude quant à la réalisation de certains projets.

Agriculture

Au lendemain de la formation du nouveau Conseil des ministres, le chef libéral Justin Trudeau et le responsable de l’agriculture doivent se rendre en Chine et régler le dossier du porc canadien. C’est du moins ce qu’a déclaré le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval. Depuis l’été dernier, la Chine a cessé toute importation de porc canadien sur son territoire. « Il faut que le gouvernement canadien fasse tout pour essayer d’ouvrir cette frontière-là, affirme M. Duval. Ça n’a pas sa raison d’être. » Rappelons que le Québec exporte près de 70 % de son porc. La Chine compte parmi les plus importants pays importateurs de viande porcine québécoise, avec les États-Unis et le Japon. En 2018, les exportations de porc d’ici vers le territoire chinois ont atteint une valeur de 283 millions.

Télécommunications

Les libéraux se sont engagés à alléger la facture de cellulaire des Canadiens, notamment en stimulant la concurrence et en tentant de convaincre les entreprises de télécommunications de diminuer le prix de leurs forfaits. En janvier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) doit se pencher sur la possibilité que les géants partagent leurs réseaux avec les concurrents. Le gouvernement décidera ensuite s’il tient compte des recommandations du CRTC. L’Association canadienne des communications sans fil (ACTS) assure que ses « membres continueront de participer de façon constructive aux processus réglementaires en cours ». « [Mais] avec la vive concurrence entre les entreprises de télécommunications sans fil, le coût des services de données sans fil au Canada est déjà en forte baisse, a souligné le porte-parole de l’ACTS, Greg Burch. Aujourd’hui, les Canadiens de toutes les régions du pays peuvent obtenir des forfaits illimités de données à partir de 50 $ à 75 $ par mois. Nous espérons que ces processus se concentreront sur les faits. » 

Infrastructures

La réalisation du train à grande fréquence dans le corridor Québec-Windsor, le développement de l’est de Montréal et les projets d’expansion de l’aéroport Montréal-Trudeau sont autant de projets que le gouvernement doit s’empresser de réaliser, estime Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Selon lui, l’élection d’un gouvernement minoritaire peut parfois faciliter l’avancement de certains dossiers. « Un gouvernement minoritaire, c’est un gouvernement attentif aux signaux qu’il reçoit du milieu », dit-il. En contrepartie, celui-ci risque d’être plus dépensier, s’inquiète M. Leblanc. « Le danger, c’est de ne pas avoir le contrôle de nos finances publiques. »

Manufacturier

La pénurie de main-d’œuvre qui frappe le marché du travail doit faire partie des préoccupations du gouvernement, estiment le Conseil du patronat du Québec (CPQ) ainsi que Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ). L’assouplissement des règles entourant le Programme des travailleurs étrangers temporaires, notamment en prolongeant la durée des visas et en haussant le nombre de travailleurs auxquels une entreprise peut avoir recours, doit faire partie des solutions envisagées par le gouvernement. Or, du côté du CPQ, on craint que l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement minoritaire nuise à l’évolution des dossiers. « Il [le gouvernement] risque de passer plus de temps sur des enjeux qui relèvent de la politique, plutôt que sur des enjeux qui relèvent de l’amélioration des programmes », croit Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ. Pour sa part, la présidente-directrice générale de MEQ, Véronique Proulx, croit qu’un gouvernement minoritaire pourrait se montrer plus attentif à leurs doléances.