Lucien Bouchard voit d’un bon œil le retour d’une équipe du baseball majeur et le projet d’un stade de baseball au bassin Peel. L’ancien premier ministre du Québec demande à la Ville de Montréal d’aménager le quartier de façon à réserver au groupe de Stephen Bronfman le terrain qu’il convoite pour construire un stade de baseball.

Le projet du retour d’une équipe du baseball majeur « pourrait procurer des retombées significatives pour Montréal et le Québec », écrivent dans une lettre commune Lucien Bouchard, qui est associé au cabinet d’avocats Davies, le PDG de la Banque Nationale Louis Vachon, ainsi que le PDG du Groupe Cirque du Soleil Daniel Lamarre. Cette lettre a été envoyée à l’Office de consultation publique de Montréal, qui mène des consultations actuellement sur l’avenir du quartier du bassin Peel.

Considérant les retombées, « il nous semble par conséquent important de permettre au Groupe Baseball Montréal de progresser dans ses démarches », écrivent les auteurs de la lettre.

Lucien Bouchard connaît bien le dossier du baseball majeur et d’un stade au centre-ville. À la fin des années 90, son gouvernement a décidé de ne pas investir de fonds publics pour financer la construction d’un nouveau stade au centre-ville. Les propriétaires des Expos voulaient que le gouvernement du Québec paie une partie du nouveau stade, dont le coût était évalué à environ 200 millions à l’époque.

Le gouvernement Bouchard estimait que le gouvernement du Québec ne devait pas financer le nouveau stade. Québec était alors en pleine lutte contre le déficit et cherchait à réduire ses dépenses, notamment en santé. Le ministre des Finances Bernard Landry avait démontré une certaine ouverture en privé à financer le stade des Expos, mais le premier ministre Lucien Bouchard avait finalement dit non.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Lucien Bouchard connaît bien le dossier du baseball majeur et d’un stade au centre-ville. À la fin des années 90, son gouvernement a décidé de ne pas investir de fonds publics pour financer la construction d’un nouveau stade au centre-ville.

« Le gouvernement ne peut intervenir dans ce projet », avait dit M. Bouchard en septembre 1998 pour expliquer la décision de son gouvernement. « Les retombées économiques et les gros salaires vont en bonne partie aux États-Unis. Les joueurs paient aussi beaucoup de leurs impôts au fisc américain. D’autre part, rien ne garantit que le plan d’affaires des Expos fonctionnerait après la construction du nouveau stade. Les promoteurs du projet reconnaissent eux-mêmes que des aléas pèsent sur la suite des choses. […] Nous souhaitons que les dirigeants [des Expos] poursuivent leurs efforts. Ils font des efforts considérables pour sauver l’équipe. Mais si des surplus budgétaires apparaissent, ils iront au réseau de la santé. C’était important de mettre cartes sur table afin que les Expos puissent prendre des décisions avisées. Notre position leur a été transmise clairement et directement. »

Un an après la décision du gouvernement du Québec, le marchand d’art américain Jeffrey Loria est devenu actionnaire de contrôle des Expos. Il a abandonné le projet de stade au centre-ville et a vendu l’équipe au baseball majeur en 2002. Les Expos ont déménagé à Washington après la saison 2004.

Subvention de l’État ?

S’ils semblent avoir un préjugé favorable au retour du baseball majeur à Montréal, M. Bouchard, M. Lamarre et M. Vachon ne se prononcent pas directement sur le projet. Dans leur lettre, ils n’abordent pas non plus la question de savoir si l’État doit subventionner directement ou indirectement l’équipe ou le stade.

« Monsieur Bronfman et son groupe devront, en temps et lieu, préciser tous les paramètres de leur projet de stade, consulter les parties prenantes et s’entendre avec les autorités gouvernementales appropriées pour obtenir les autorisations requises. Il ne nous appartient pas de spéculer sur la conclusion de ce processus ni d’exprimer une opinion sur le fond du projet à ce stade de son cheminement », écrivent-ils.

« Les membres du Groupe Baseball Montréal sont des citoyens engagés à l’égard du développement de Montréal, du respect de l’environnement, et ils seront soucieux d’assurer l’acceptabilité sociale de leur projet », écrivent Lucien Bouchard, Daniel Lamarre et Louis Vachon.

Pour construire un stade de baseball advenant le retour d’une équipe du baseball majeur, le groupe de M. Bronfman convoite un terrain de 900 000 pi2 appartenant au gouvernement fédéral. La Ville de Montréal a un droit de préemption sur ce terrain. En pratique, Ottawa et Montréal doivent donc se mettre d’accord sur l’acheteur et la vocation du terrain. L’évaluation municipale du terrain est de 6 millions de dollars, mais la valeur réelle du terrain varie plutôt entre 50 millions et 150 millions selon les changements de zonage autorisés.