Finances personnelles, investissement, consommation... Une fois par mois, la chroniqueuse Stéphanie Grammond fait le tour des petites et grandes questions qui préoccupent les lecteurs de La Presse.

Cuisinez votre taxe carbone maison

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Plusieurs organisations vendent des crédits de carbone et utilisent l’argent récolté pour financer des projets verts.

Q. « Il faut une taxe de 50 cents par litre afin de changer nos habitudes et il ne sert à rien d’attendre que nos gouvernements le fassent. À partir du vendredi 27 septembre, nous avons pris la décision de placer 50 cents par litre dans le fonds vert d’Épargne placements Québec. » 
— Maurice

R. Maurice, j’adore votre idée de taxe carbone maison ! Depuis la marche pour le climat, je suis certaine que bien des citoyens se demandent ce qu’ils peuvent faire concrètement pour réduire la pollution.

Évidemment, l’idéal est de modifier nos comportements : prendre le vélo ou les transports en commun, opter pour une voiture moins énergivore, manger moins de viande rouge, abandonner les produits trop emballés, consommer plus d’aliments locaux, alterner les voyages au Québec avec ceux à l’étranger…

Mais dans certains cas, c’est plus difficile. Alors, il est possible de compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour devenir carboneutre.

Tout d’abord, il faut déterminer l’empreinte carbone de nos activités sur l’un des nombreux sites qui permettent de faire des calculs.

L’évaluation varie en fonction du site consulté. Mais pour vous donner une idée, Planetair estime qu’un vol Montréal-Paris aller-retour représente presque deux tonnes de CO2 par personne. À 25 $ la tonne, il vous en coûtera 50 $ pour effacer votre empreinte.

Vous parcourez 20 000 km par année dans un Jeep Cherokee ? Comme vous émettez plus de cinq tonnes de CO2, vos crédits de carbone vous coûteront 125 $. Et une habitation moyenne ? Environ 12 tonnes de CO2, ce qui vous coûterait plus de 300 $ à neutraliser.

Plusieurs organisations vendent des crédits de carbone et utilisent l’argent récolté pour financer des projets verts. Un exemple ? Carbone boréal qui est affiliée à l’Université du Québec à Chicoutimi et qui contribue à la plantation d’arbres destinés à la recherche.

Équiterre en cite plusieurs autres, comme Arbre Évolution, Scol’ERE, Compensation CO2 Québec et Ecotierra.

Autrement, vous pouvez faire comme Maurice qui conduit un RAV4 consommant environ 8 litres par 100 kilomètres. Il souhaite investir 1200 $ par année dans les obligations vertes à taux fixe d’Épargne Placements Québec pour « compenser » ses émissions de carbone.

Ces obligations d’une durée de cinq ans rapportent 1,9 % par année. Elles permettent aux épargnants de contribuer à des « projets verts qui engendreront des bénéfices tangibles au Québec en matière de protection de l’environnement, de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou d’adaptation aux changements climatiques ».

Pour Maurice, ce rendement n’est pas la mer à boire. « Mais nous prenons cette “pénalité” pour le bien de la planète. Contrairement à la taxe carbone, ce n’est pas vraiment une pénalité », dit l’homme qui gardera l’argent amassé pour l’héritage de ses petits-enfants !

Taxe carbone 101

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En Ontario, la taxe carbone aura un véritable coût net (45 $ par année) uniquement pour les ménages du quintile supérieur. À l’opposé, la taxe apportera 89 $ par année aux ménages les moins fortunés.

Q. « Je suis loin d’être convaincu de l’effet réel de cette taxe sur l’environnement. Si le gouvernement retourne 90 % de la taxe, l’effet dissuasif en fin de compte ne sera-t-il pas nul ? » 
— Christian


Q. « La taxe carbone fera augmenter de beaucoup le prix de l’essence à la pompe. Je suis d’accord sauf pour toutes les personnes qui habitent en région. Là ça me chicote un peu. Je suis originaire de Charlevoix. Impossible de ne pas avoir de voiture là-bas. Est-ce qu’on y a pensé ? » 
— Anne

R. J’ai reçu beaucoup de questions à la suite de ma chronique sur la taxe carbone qu’Ottawa applique depuis avril dans quatre provinces (mais pas au Québec où nous avons déjà un système de tarification du carbone).

J’y expliquais qu’il ne s’agit pas d’une taxe, mais bien d’une redevance, puisque 90 % des sommes prélevées par Ottawa seront remises aux consommateurs. Certains se demandent pourquoi forcer les gens à payer davantage à la pompe si c’est pour remettre l’argent aux citoyens à la fin de l’année.

C’est que l’argent sera remis de façon uniforme, sans tenir compte de la consommation de chacun. Alors si vous roulez en Hummer, il est clair que le chèque qui vous sera remis ne compensera pas votre consommation gargantuesque d’essence. Cela vous encouragera peut-être à vous acheter un véhicule électrique. Ben quoi ? On peut rêver !

Pour en avoir le cœur net, regardons l’exemple de l’Ontario où la redevance fédérale représentera 1,9 milliard de dollars en 2019-2020, soit 256 $ par ménage, selon les calculs du Directeur parlementaire du budget.

La facture sera trois fois plus élevée (402 $) pour les ménages qui sont dans le quintile de revenus supérieurs (les 20 % les plus riches), que pour les ménages du quintile inférieur (131 $). La raison ? Les ménages plus riches consomment et polluent davantage.

Mais il ne faut pas perdre de vue qu’Ottawa redistribuera 90 % de l’argent aux ménages lorsqu’ils feront leur déclaration de revenus. Soit dit en passant, la taxe n’entraîne aucun transfert interprovincial puisque les montants sont redistribués dans la province même où ils ont été prélevés.

En tenant compte de la remise, 80 % des ménages auront plus d’argent dans leurs poches grâce à la taxe carbone, puisque leur remise annuelle sera plus élevée que la taxe qu’ils auront payée au fil des mois.

En fait, la taxe aura un véritable coût net (45 $ par année) uniquement pour les ménages du quintile supérieur. À l’opposé, la taxe apportera 89 $ par année aux ménages les moins fortunés.

Toutefois, il n’y a pas de mesures particulières pour dédommager les gens qui vivent en région et qui doivent absolument utiliser leur véhicule, faute de transports en commun.

« Il se peut que certains ménages des quintiles inférieurs avec de grosses dépenses en carburant y perdent. Mais ce seront des exceptions », assure Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

La meilleure carte voyage pour les aînés

PHOTO BLOOMBERG

De nombreux émetteurs de cartes de crédit retirent leur couverture d’assurance voyage lorsque le titulaire de la carte souffle ses 65 bougies.

Q. « J’ai actuellement la carte Visa Odyssée de Desjardins qui, bientôt, ne m’offrira plus de protection vacances due à mon âge. J’aime bien pouvoir aller quelques jours aux États-Unis sans me préoccuper de communiquer avec un organisme comme CAA pour m’assurer. Je cherche la meilleure offre. » 
— Louise

R. L’assurance pour les soins médicaux en voyage est un précieux avantage offert par les cartes de crédit. Mais beaucoup d’émetteurs de cartes de crédit retirent cette couverture lorsque le titulaire de la carte souffle ses 65 bougies. D’autres se rendent plus loin. C’est le cas des cartes voyage de Desjardins qui couvrent les voyages allant jusqu’à 60 jours pour les personnes de 59 ans ou moins, de 31 jours pour celles de 60 à 64 ans et de 15 jours pour celles de 65 à 75 ans.

Mais après, cette généreuse couverture disparaît ! Voilà pourquoi Louise doit trouver une solution de rechange.

Malheureusement, le choix est limité.

Passé 75 ans, certains émetteurs offrent une protection pour les trois premiers jours passés à l’étranger avec des cartes dont les frais annuels sont de 120 $. On peut citer la carte Aventura CIBC Visa Infinite, la carte Aéro Or CIBC Visa Infinite, la carte Avion Visa Infinite RBC, la carte WestJet World Elite Mastercard RBC ou encore la carte American Express de la Banque Scotia.

À la Banque TD, certaines cartes offrent une protection pour quatre jours. C’est le cas de la carte Visa Infinite TD Classe ultime Voyages et de la carte Visa Infinite Aéroplan, toujours à 120 $ par année.

La carte Visa Infinite British Airways RBC va jusqu’à sept jours pour les personnes de 65 ans et plus, mais il faut débourser 165 $ en frais annuels.

La carte visa Infinite Passeport de la Banque Scotia reste la meilleure option. Moyennant des frais annuels de 139 $, les titulaires de 65 ans et plus ont accès à une couverture d’assurance soins de santé à l’étranger durant une période de 10 jours. En prime, vous ne payez pas les frais de 2,5 % sur la conversion de devises lors d’achats à l’étranger que la quasi-totalité des autres cartes de crédit facturent en douce.

Mais attention : il ne faut pas s’en remettre les deux yeux fermés aux programmes d’assurance de votre carte de crédit. Prenez le temps de lire les modalités ou de poser des questions à un représentant avant de partir.

Dans certains cas, les titulaires ne sont pas remboursés si le voyage n’a pas été payé au complet avec la carte de crédit.

D’autres programmes vous couvrent pour les premiers jours de votre voyage jusqu’à concurrence de la période prédéterminée. Mais d’autres ne vous couvrent pas du tout, y compris pour les premiers jours, si votre séjour dépasse la durée prescrite.

Les titulaires qui ont une maladie préexistante pourraient aussi se retrouver le bec à l’eau, en particulier s’ils ont consulté leur médecin au cours des mois précédant leur départ.

Ah oui, et ne comptez pas sur l’assurance de votre carte de crédit pour prendre soin de vous si vous avez fait du bungee ou du parachute. Idem si vous êtes parti en voyage pour aller vous faire soigner à l’étranger.

La beauté de l’épargne-invalidité

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Trop peu connu, le Régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI) permet d’assurer la sécurité financière à long terme des handicapés.

Q. « Nous avons un enfant adulte handicapé intellectuellement qui vit avec nous depuis sa naissance. Nous sommes retraités et nous vieillissons… ce qui nous inquiète pour la suite. Nous avons une vie confortable, mais aimerions en savoir plus sur le REEI afin de bien gérer la suite pour notre enfant, car nous ne sommes pas éternels. » 
— Yves

R. Lancé il y a 11 ans, le Régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI) reste encore trop peu connu. Ottawa devrait faire davantage la promotion de cet outil incomparable qui permet d’assurer la sécurité financière à long terme des handicapés.

Le REEI est un compte à l’abri de l’impôt qui peut donner jusqu’à 70 000 $ en subventions et 20 000 $ en bons.

Pour avoir droit à cette manne, il faut ouvrir un compte dans une institution financière qui offre le REEI. Pour être admissible, le bénéficiaire doit avoir droit au crédit d’impôt pour personnes handicapées. Il doit aussi avoir un numéro d’assurance sociale, résider au Canada lors de l’ouverture du régime et être âgé de moins de 60 ans.

Ensuite, la beauté du REEI, c’est que les cotisations donnent droit à de généreuses subventions fédérales.

Si le revenu familial du bénéficiaire est supérieur à environ 93 000 $, Ottawa verse un dollar pour chaque dollar de cotisation, jusqu’à concurrence de 1000 $ par année. Bref, vous versez 1000 $, vous obtenez 1000 $. Comme un rendement automatique de 100 %. Wow !

Si le revenu est inférieur à 93 000 $, c’est encore plus payant.

Sur la première tranche de cotisation annuelle de 500 $, la subvention est de 300 % (1500 $) et sur la deuxième tranche de 1000 $, elle est de 200 % (2000 $). Autrement dit, en versant 1500 $, vous irez chercher la subvention maximale de 3500 $.

N’est-ce pas extraordinaire ? Au fil des ans, vous pouvez ainsi récolter des subventions allant jusqu’à 70 000 $ à vie.

Mais il y a mieux encore. Pour les handicapés qui ne roulent pas sur l’or, Ottawa offre un bon qui peut atteindre 20 000 $ à vie. Sans même qu’il soit nécessaire de cotiser. Il suffit d’ouvrir un compte et Ottawa y versera automatiquement le bon chaque année où la personne est admissible.

Les handicapés qui ont des revenus inférieurs à environ 30 000 $ reçoivent le bon maximal de 1000 $ par année. Ceux qui gagnent entre 30 000 et 45 000 $ environ ont droit à une partie du cadeau.

Pourquoi s’en passer ? C’est carrément de l’argent qui tombe du ciel.

Mobilité réduite, déneigement gratuit

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Montréal a décidé d’offrir aux citoyens à mobilité réduite le déneigement gratuit du trottoir jusqu’à leur porte pour éviter qu’ils ne soient prisonniers du mauvais temps.

Q. « L’hiver dernier, la Ville de Montréal a annoncé qu’à compter de cette année, toutes les personnes à mobilité réduite auraient gratuitement le déneigement de la porte de leur maison jusqu’au trottoir de la ville. Or, pour l’instant, pas de grosse nouvelle de cela. Qu’en est-il ? »
— Une lectrice atteinte d’un problème de santé chronique

R. Gel, dégel, neige, verglas, regel… l’hiver dernier a été particulièrement éprouvant sur les trottoirs de Montréal. En février, la Ville a décidé d’offrir aux citoyens à mobilité réduite le déneigement gratuit du trottoir jusqu’à leur porte pour éviter qu’ils ne soient prisonniers du mauvais temps.

Déjà, trois arrondissements offrent un tel service, soit Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Le Plateau-Mont-Royal et Ville-Marie.

Pour 2020, la Ville a confié un budget de 10 000 $ à chacun des arrondissements pour les aider à développer un programme de déblaiement de la neige jusqu’à la porte des personnes à mobilité réduite, m’a indiqué la porte-parole de la Ville, Audrey Gauthier.

Cela représente donc une enveloppe totale de 190 000 $.

« Cet argent est inclus dans l’enveloppe budgétaire des arrondissements qui ont l’autonomie de développer un programme adapté aux réalités de leur population et de leur territoire », précise Mme Gauthier.

Pour en savoir plus sur les modalités de chaque programme, les personnes à mobilité réduite sont invitées à communiquer directement avec leur arrondissement.