L’ex-premier ministre Philippe Couillard a pris le temps de décompresser depuis sa défaite électorale il y aura bientôt un an. Après un long voyage à l’étranger avec sa conjointe – « un voyage qui était nécessaire et qui a fait du bien » –, Philippe Couillard est resté volontairement à l’écart. Il a commencé il y a deux mois seulement à étudier les propositions qui lui ont été présentées et il a résolument décidé de consacrer la prochaine tranche de sa vie au développement international.

Résidant à temps plein de Saint-Félicien au Lac-Saint-Jean, Philippe Couillard était de passage cette semaine à Montréal pour rencontrer ses nouveaux collaborateurs de la firme C2D Services (Catalyseur de développement), cabinet-conseil montréalais spécialisé dans le développement international.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Philippe Couillard, ex-premier ministre du Québec et consultant chez C2D Services

J’aime ma vie en région, à Saint-Félicien. Et en prenant des mandats à l’international, tu n’as pas besoin de vivre à Montréal, c’est un grand avantage.

Philippe Couillard

Il tenait à me présenter les associés de C2D Services, jeune société qui est en train de se tailler une place enviable dans le monde très compétitif de la consultation internationale.

D’entrée de jeu, Philippe Couillard me signale que c’est la première entrevue qu’il accorde depuis bientôt un an.

Visiblement, l’ex-politicien ne s’ennuie pas de cet exercice qu’il a dû pratiquer sur une base quotidienne durant des années, mais il a décidé de me rencontrer parce qu’il est emballé par le mandat de consultant qui l’amènera le mois prochain au Maroc et au Liban.

Aucun regret

Philippe Couillard assure ne cultiver aucun ressentiment de sa défaite électorale. Ni du fait que le gouvernement de la CAQ profite aujourd’hui d’une situation budgétaire rayonnante et d’une activité économique vigoureuse qui sont en grande partie le résultat de la gestion de son gouvernement.

Jeudi, dans une entrevue qu’il m’accordait, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a convenu que son gouvernement était redevable aux libéraux de la situation financière avantageuse qu’ils lui avaient léguée.

« J’apprécie le fait qu’on le reconnaisse. Je n’ai aucun regret », confie l’ex-premier ministre.

Tous ensemble, on devrait être fiers que le Québec paye moins cher pour emprunter que l’Ontario. Je n’ai pas d’amertume, c’est un sentiment bien trop destructeur.

Philippe Couillard

Je n’avais pas de grandes attentes lorsque j’ai demandé à M. Couillard ce qu’il pensait de la loi sur la laïcité, et je n’ai même pas tenté d’obtenir ses commentaires sur la course à la direction du Parti libéral.

« Vous n’entendrez pas un mot de moi là-dessus », répond-il prestement lorsque j’évoque la loi sur la laïcité. Alors laissons faire la course au leadership…

Exporter la matière grise

C2D Services voulait profiter du réseau de contacts de M. Couillard au Maroc et au Liban. « J’espère apporter une valeur ajoutée à l’entreprise avec les connaissances que j’ai acquises dans le système public, que soit au chapitre des finances publiques, de la santé, de l’éducation et de la gouvernance en général. »

L’ancien neurochirurgien et politicien admet qu’il ne connaissait pas C2D Services, qu’il juge sérieuse et dotée d’une excellente réputation. 

« Ce qui me fascine, c’est que c’est une société exportatrice de services, qui exporte son savoir-faire, sa matière grise. Le Québec et l’expertise québécoise ont une très bonne réputation à l’étranger. C’est une autre façon de rayonner », estime Philippe Couillard.

C2D Services a été cofondée en 2011 par Philippe Dadour, gestionnaire et spécialiste des systèmes d’information, Marc Kamel, spécialiste du développement organisationnel, et Lucie Lalancette, universitaire qui a travaillé au ministère de l’Éducation et en Afrique de l’Ouest. Le groupe compte 75 consultants spécialisés et a réalisé pas moins de 80 mandats dans une trentaine de pays.

« On est spécialiste des processus de transformation, on accompagne les institutions et les organismes publics à réaliser des réformes en profondeur, que ce soit des solutions et des technologies de l’information, dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la croissance économique », explique Philippe Dadour, associé gestionnaire.

On est actuellement en Haïti, où on travaille avec la Direction générale des impôts, l’équivalent de Revenu Canada, pour moderniser et informatiser le régime fiscal de tout le pays.

Philippe Dadour, associé gestionnaire chez C2D Services

La mission qui amènera Philippe Couillard au Maroc et au Liban est avant tout un exercice exploratoire grâce auquel la firme veut mieux comprendre les besoins de ces pays tout en faisant connaître son expertise et ses nombreuses réalisations.

« On commence notre association avec cette mission en Afrique du Nord et au Proche-Orient, et on travaille sur la présentation d’une manifestation d’intérêt sur un autre projet. On va apprendre à se connaître et on verra pour la suite », explique Philippe Couillard. Mais non, il n’a pas l’intention de retourner en Arabie saoudite, où il a déjà séjourné, le climat politique interne étant devenu problématique. 

Loin de la vie politique

Le nouveau consultant affirme qu’il a toujours eu la fibre de l’international. Il adore découvrir de nouveaux pays et de nouvelles cultures.

« Après avoir été premier ministre, je trouve que c’est une bonne façon de me tenir loin de l’actualité et de la vie politique », convient Philippe Couillard.

Outre son association avec C2D Services, l’ex-politicien agira également à titre de conseiller pour un organisme européen qu’il ne veut pas nommer pour l’instant. « J’ai décidé de bâtir une palette d’activités que j’aime et où je pourrai être utile », expose-t-il.

Un an après, l’homme est prêt pour d’autres défis.