L’industrie maritime se mobilise pour embarquer les jeunes dans ses différents métiers. Le Groupe Océan annoncera aujourd’hui, à Rimouski, qu’il fait un don de 100 000 $ à la Fondation de l’Institut maritime du Québec (IMQ). L’argent servira à faire la promotion des carrières maritimes, offrir des bourses d’études et rendre plus attrayante cette industrie qui souffre, elle aussi, d’une pénurie de main-d’œuvre.

La directrice de l’IMQ, Mélanie Leblanc, qui a terminé ses études en techniques de navigation en 2002, constate une grande effervescence dans l’industrie.

« Les élèves ne sont pas diplômés qu’ils ont déjà une offre d’emploi, soutient-elle en entrevue téléphonique. On sent l’urgence. On sent une mobilisation pour soutenir la formation. »

Les chantiers maritimes s’arrachent les diplômés en architecture navale, tandis que les entreprises québécoises peinent à trouver des officiers, des capitaines et des ingénieurs.

Plusieurs songent à recruter des officiers étrangers pour les navires canadiens.

IMAGE D’UNE AUTRE ÉPOQUE

Les carrières de la mer souffrent d’un problème d’image. On voit passer un navire au loin sans savoir ce qu’il transporte et en se demandant si l’équipage est canadien, illustre le vice-président exécutif du Syndicat international des marins canadiens, Patrice Caron. « On ne pense pas que c’est un métier attirant, mais il y a pourtant 15 000 Canadiens qui travaillent actuellement comme marins, officiers, capitaines, ingénieurs et pilotes. »

Beaucoup croient à tort qu’une carrière dans l’industrie maritime signifie qu’il faut larguer les amarres pour des mois. Or, Patrice Caron affirme que le temps passé en mer a diminué de façon draconienne ces dernières années. « Aujourd’hui, il y a des navires qui vont faire un mois en mer et un mois à terre », relate-t-il.

Chez Groupe Océan, les 900 employés réalisent des projets de construction navale, de réparation, de remorquage portuaire, de transport, de location d’équipement et de dragage. Le directeur des affaires publiques, Philippe Filion, soutient que la majorité peut très bien concilier travail et famille.

« Pas moins de 99 % de nos employés couchent chez eux tous les soirs, précise-t-il en entrevue téléphonique. On a des semaines de quatre jours. Pour le remorquage, on s’organise pour qu’ils soient le plus souvent à la maison. Ce n’est plus comme dans les années passées. »

Avec son don, Groupe Océan a décidé d’investir dans la relève à travers l’IMQ. L’Institut forme chaque année de 70 à 90 élèves dans ses programmes d’architecture navale, de génie mécanique de marine, de navigation, de logistique de transport et de plongée professionnelle.

« Bâtir un navire ou naviguer sur un navire de cette ampleur-là, de cette grosseur-là, ça n’a pas de prix », insiste-t-il.

UN TRAVAIL EXCITANT

Originaire d’Oka, Laurence Chaput a décidé de s’inscrire en génie mécanique de marine après avoir lu un article de journal sur les métiers d’avenir. Elle travaillait alors dans un dépanneur et songeait à retourner aux études.

« La mécanique automobile m’intéressait et je passe beaucoup de temps sur l’eau à faire de la planche à pagaie. J’ai combiné les deux et je ne regrette pas », raconte la jeune femme au téléphone alors qu’elle est à bord d’un cimentier d’Algoma en direction de Port-Daniel–Gascons en Gaspésie.

« C’est tripant, poursuit-elle. Chaque jour, tu ne sais pas ce que tu vas faire. Ce n’est pas un travail routinier. Il y a aussi une grosse différence de salaire avec la mécanique automobile. Quand on sort, on fait 70 000 $ par année. »

L’élève de 24 ans terminera son DEC en juin prochain. Elle espère travailler sur les Grands Lacs et le Saint-Laurent ou encore pour la garde côtière. Dans les conditions de pénurie actuelle, elle aura le loisir de choisir ce qui lui plaît.