Sous la pluie, hier, Hydro-Québec a inauguré à Montréal le plus grand projet de transport d’électricité dans l’axe nord-sud depuis un quart de siècle. Avec 420 km de lignes entre La Doré, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, et Pointe-aux-Trembles, dans l’est de Montréal, le projet Chamouchouane–Bout-de-l’Île est l’aboutissement de cinq années de préparation et de quatre années de travail de chantier.

On a rayé 2600 hectares de forêt pour faire place à 1000 pylônes de plus qui jalonnent aujourd’hui le territoire québécois, en passant par la Mauricie, Lanaudière et les Laurentides. Pas moins de 35 000 tonnes d’acier ont été nécessaires à l’ensemble des constructions, dont 85 % d’acier québécois.

Le projet aura coûté près de 1,3 milliard de dollars, dont 1,1 milliard qui a été investi en expertise et en achats de biens et de matériaux dans la province.

Chose rare au Québec, les coûts se sont avérés moindres que prévu dans le plan initial, « quelque part entre 25 et 100 millions de dollars » de moins, a estimé le PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel, en conférence de presse.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Éric Martel, PDG d’Hydro-Québec, a inauguré hier, à Montréal, le plus grand projet de transport d’électricité dans l’axe nord-sud depuis un quart de siècle.

Le cœur du projet est le nouveau poste Judith-Jasmin à Terrebonne, nommé en l’honneur de l’illustre journaliste québécoise, native du coin. Ce poste représente désormais un nœud névralgique du réseau : c’est par là que transitera une partie de l’électricité venue du nord et qui permettra de mieux desservir les régions urbaines du sud du Québec, où les besoins se font croissants.

Le projet permettra aussi de réduire de l’équivalent de « 6,4 millions de dollars par année » les pertes d’électricité, toujours selon M. Martel. 

Ce projet est la solution la plus économique pour désengorger le réseau, augmenter sa fiabilité et pour assurer sa robustesse de façon optimale.

Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles

Le nouveau poste Judith-Jasmin pourrait faire œuvre utile dans les visées d’expansion d’Hydro-Québec vers le Massachusetts et l’État de New York. Les discussions à ce sujet vont bon train, selon le ministre Julien et M. Martel.

La situation est un peu plus complexe en ce qui a trait à l’exportation vers l’Ontario, où 60 % de l’énergie provient du nucléaire, une option coûteuse, mais qui lui procure des surplus d’électricité. Le ministre se veut confiant, mais reste prudent. « La vertu est de notre côté, dit M. Julien. On a une énergie renouvelable et moins dispendieuse, alors éventuellement, on aura la chance d’avoir de bonnes discussions ouvertes. »