Le stade mal-aimé de l’est de Montréal a besoin d’un nouveau toit, et ça presse. La multiplication des déchirures oblige la Régie des installations olympiques (RIO) à programmer une seconde inspection annuelle de la toiture pour s’assurer que la situation reste sous contrôle d’ici l’installation d’une nouvelle structure, prévue en 2024.

D’ici là, la RIO tient la population au courant des plus récents changements par l’entremise d’un microsite consacré exclusivement à la nouvelle toiture.

Ces informations sont tirées des récents procès-verbaux du conseil d’administration de la Régie, que l’organisme a accepté de rendre publics à la demande de La Presse.

Depuis 2009, la RIO procède à une inspection minutieuse de la toiture une fois par année. Elle en fera maintenant deux, à l’automne et au printemps.

L’organisme gouvernemental est justement en train de procéder à l’inspection de la toiture ces jours-ci et, en parallèle, aux réparations. La précédente inspection, l’automne dernier, avait révélé 3256 nouvelles déchirures. 

On n’a pas le décompte final. Je peux juste vous dire qu’elle [la toiture] ne rajeunit pas.

Maurice Landry, vice-président, construction et entretien, du Parc olympique

M. Landry réitère que le toit, même en fin de vie utile, reste sécuritaire.

Cette seconde inspection annuelle ajoutera quelque 275 000 $ dès cette année aux coûts d’entretien de la toiture, qui ont dépassé le demi-million de dollars en 2018.

En septembre dernier, le président-directeur général de la Régie des installations olympiques, Michel Labrecque, a alerté par écrit la ministre responsable pour lui faire part de l’état d’usure de la toile.

Cette dégradation accélérée ne change rien aux conditions d’utilisation du stade l’hiver imposées par la Régie du bâtiment. La Régie a entériné, le 21 décembre dernier, le protocole de gestion de l’enceinte pour l’année en cours se terminant le 31 octobre.

Un site web consacré au toit du Stade

Dans un souci de transparence, la Régie a mis en ligne ce matin un microsite consacré exclusivement au dossier du nouveau toit. « On est toujours bombardé de questions au sujet de la toiture. On a juste souhaité être le plus transparent possible en rendant toute l’information publique sur la toiture », explique M. Landry.

Le site a une section historique fort instructive passant en revue l’histoire des deux toitures tendues qu’a connues le stade (la Kevlar, de Socodec-Lavalin, et la fibre de verre enduite de téflon, de Birdair). On y trouve la retranscription d’une entrevue avec un ingénieur allemand spécialisé dans les structures légères tendues.

Appel de propositions cet automne

Dans les dernières étapes franchies menant au remplacement de la toiture, le ministère du Tourisme a signé un protocole d’entente avec la Société québécoise des infrastructures (SQI), une exigence dictée par la Directive sur la gestion des projets majeurs d’infrastructure publique. La RIO gérera le projet en association avec la SQI.

Deux contrats d’accompagnement et de surveillance ont été accordés à WSP, pour la structure, l’électricité et la mécanique, et à Schlaich Bergermann Partner (SBP), une firme d’ingénieurs allemande spécialisée dans les toitures à structures légères tendues. Elle en a fait plus de 60 à travers le monde. Cette dernière s’est adjointe l’expertise des architectes Gerkan, Marg und Partner (GMP).

SPB et GMP ont dû passer à travers le processus de certification de l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour obtenir l’autorisation de contracter avec les pouvoirs publics. Cette démarche a ajouté entre six et neuf mois aux délais, explique M. Landry.

Le dossier d’affaires du remplacement de la toiture doit être remis au gouvernement en 2020. Cet automne, la Régie lancera un appel de qualification pour trouver trois firmes. Une fois le dossier d’affaires accepté, la RIO lancera l’appel de propositions auprès des trois firmes qualifiées pour n’en retenir qu’une seule.

C’est seulement à cette étape que la population connaîtra de façon précise le coût de la nouvelle toiture.

Rappelons que le gouvernement québécois a déposé, le printemps dernier, le projet de loi 15 visant à donner plus d’autonomie à la direction du Parc olympique.

— Avec William Leclerc, La Presse