Dans 20 jours, le Québec célébrera la grand-messe du déménagement. Les boîtes, les changements d’adresse, les appels aux fournisseurs de services… Tout un fardeau ! Mais une jeune pousse du domaine de l’assurance en ligne veut simplifier la vie des locataires qui changeront de nid le 1er juillet.

Je vous souligne que les locataires ont besoin d’une assurance, même si plus du tiers d’entre eux (37 %) n’en ont pas, selon le Bureau d’assurance du Canada (BAC). Plusieurs croient qu’ils sont protégés par l’assurance de leur propriétaire, ce qui est complètement faux. D’autres sous-estiment la valeur de leurs biens ou ne réalisent pas qu’ils sont responsables des dommages qu’ils peuvent causer aux voisins s’ils oublient un robinet qui coule ou mettent le feu à l’immeuble.

« Nous, on est vraiment là pour automatiser tout le processus, afin que le client puisse continuer à faire les mille et une choses qu’il doit faire lors d’un déménagement. » — Xavier Freeman, cofondateur d’Allset

L’entreprise montréalaise promet de dénicher la meilleure police d’assurance locataire au meilleur prix en quatre minutes top chrono, à partir de son portail internet. En fait, Allset est un cabinet de courtage enregistré auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui fait affaire strictement sur le web.

L’univers des « assurtechs » est appelé à se développer au Québec qui disposera, d’ici quelques jours, d’un cadre réglementaire tout neuf.

Il y a un an, le gouvernement a donné le feu vert à la vente d’assurances sur internet dans la foulée d’une vaste réforme de la distribution des services financiers. Il était grand temps, car plusieurs assureurs comme Sonnet étaient déjà en train de s’implanter sur le web en profitant du flou réglementaire.

Depuis ce temps, l’AMF a concocté le Règlement sur les modes alternatifs de distribution, qui dresse le code de conduite de la vente d’assurance sur internet. Publié en mai dernier, ce règlement entrera en vigueur demain. J’y reviendrai plus loin.

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Mais parlons d’abord d’Allset. L’entreprise repose sur un algorithme qui analyse les données fournies par le client (p. ex. : lieu de résidence, profil d’assuré, etc.) et trouve la meilleure police parmi une dizaine de propositions d’assureurs (p. ex. : Aviva, Economical, Intact, Promutuel, Optimum).

PHOTO FOURNIE PAR ALLSET

Xavier Freeman et Fellipe Monteiro, cofondateurs du cabinet d’assurances internet Allset

Allset s’assure de bien définir les besoins du client. Par exemple, si l’assuré vit au rez-de-chaussée ou au sous-sol, la plateforme lui recommande fortement une protection contre les infiltrations et les refoulements d’égout. « On l’explique dans des termes que les gens peuvent saisir, en donnant des exemples qui leur permettent de mieux comprendre », dit M. Freeman.

Consultez le site d’Allset

Par la suite, le consommateur peut comparer la soumission retenue avec le prix moyen des autres polices. Il peut terminer la transaction directement sur le site internet d’Allset, sans aucuns frais. L’entreprise reçoit une commission de la part de l’assureur qui obtient le dossier, soit le même mode de rémunération qu’un courtier en chair et en os.

Mais contrairement à de nombreux courtiers, Allset n’a pas de lien d’affaires privilégié avec un assureur en particulier.

« On veut vraiment se positionner comme un joueur neutre et transparent qui offre des recommandations en fonction du meilleur produit pour le client. » — Xavier Freeman

En 2017, l’entrepreneur de 27 ans a abandonné son poste de directeur des ventes à la Banque Scotia pour se lancer en affaires avec son partenaire Fellipe Monteiro, un ingénieur spécialisé en programmation.

Avec son concept, le duo est arrivé premier au concours Le levier de ton idée, organisé par la Fondation Montréal inc. et la Banque Nationale. Puis, au début de 2018, les entrepreneurs ont été sélectionnés par l’accélérateur d’entreprises NextAI qui lui a fourni des capitaux et du mentorat d’entrepreneurs à succès pendant huit mois.

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Puisque Allset s’occupe de la transaction du début jusqu’à la fin, elle compte se distinguer des nombreux comparateurs de primes d’assurances, comme Kanetix, qui laissent l’assureur sélectionné conclure la transaction avec le client.

Ceux-ci ne sont pas sans défaut, comme l’a fait ressortir Option consommateurs dans une étude exhaustive diffusée l’an dernier. L’organisme leur reprochait de présenter des informations incomplètes sur les produits d’assurance, de camoufler leurs liens d’affaires et leur mode de rémunération, deux facteurs pourtant susceptibles de teinter les résultats de la recherche, et finalement de partager avec des tierces parties les données fournies par les internautes.

Heureusement, le nouveau règlement de l’AMF mettra un peu d’ordre dans cet univers. Tous les sites qui permettent de conclure la transaction devront être inscrits comme cabinet et respecter les nouvelles directives de vente d’assurance sur le web.

Notamment, ils devront rendre disponible en tout temps un représentant qui pourra répondre aux questions des clients. Ils devront s’équiper d’un outil informatique capable de détecter les anomalies et les contradictions dans les informations fournies par le client afin de bloquer la transaction. Cela évitera qu’un client découvre au moment de la réclamation qu’il n’avait pas une assurance adéquate.

De leur côté, les sites de comparaison de primes qui ne concluent pas la transaction eux-mêmes devront s’inscrire à titre de cabinet d’assurances dans la mesure où ils reçoivent une commission à la vente d’une police. Par contre, les sites de référence purs et simples ne seront pas réglementés du tout.

J’ai hâte de voir comment les internautes réussiront à comprendre qui est tenu de respecter quelles règles…