Certains croient la filière pétrolière québécoise morte depuis l'échec du projet Anticosti, mais Cuda Pétrole et Gaz espère confondre les sceptiques. Son vice-président, Mathieu Lavoie, qualifie de « prometteur » le gisement de Galt, près de Gaspé, dont il souhaite faire le premier projet d'exploitation d'hydrocarbures de la province. Et il a bon espoir de convaincre la population de l'appuyer.

Il y a deux semaines, le ministère de l'Environnement a lancé l'évaluation environnementale du projet Galt. À terme, ce processus devrait entraîner une étude du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

En entrevue, M. Lavoie se montre enthousiaste devant le potentiel du gisement. Même si, avec un pic de production estimé à 3000 barils par jour, il sera beaucoup trop petit pour combler tous les besoins du Québec.

« On comprend qu'avec la transition énergétique, on s'en va vers une diminution de notre consommation, mais on en consomme quand même 280 000 barils par jour, a-t-il illustré. Il y a moyen de faire chez nous un projet de petite envergure, mais qui a de bonnes retombées pour la communauté. »

15 millions de barils

Quantité de pétrole récupérable estimée du gisement de Galt

Cuda, née de la fusion entre Junex et une société albertaine, souhaite investir 130 millions de dollars pour développer le gisement. L'entreprise prévoit que l'exploitation durera 40 ans.

Elle projette d'aménager « une trentaine » de puits et deux oléoducs pour diriger le brut vers un poste de traitement. De là, il sera expédié vers les raffineries par camion.

Lorsque la production atteindra son pic, Cuda envisage aussi d'expédier le pétrole par train et, éventuellement, par bateau à partir du port de Gaspé.

Le gaz naturel qui sera recueilli lors de l'extraction pourra aussi être vendu à des industries locales. Cela se déroulera toutefois dans une phase ultérieure du projet puisque, pour le moment, aucune entreprise ne consomme assez de gaz pour acheter cette production. Dans un premier temps, le gaz sera donc réinjecté dans le gisement pour stimuler l'extraction, a indiqué Mathieu Lavoie.

À l'heure actuelle, l'entreprise n'a conclu aucune entente d'approvisionnement avec des raffineurs. Elle se dit toutefois confiante par rapport à l'intérêt pour ce brut léger, qui ne sera pas produit par fracturation hydraulique.

« C'est un pétrole qui est intéressant pour les raffineurs qui vont faire de la lubrification, et il y a aussi une partie d'essence et de diesel, a dit M. Lavoie. Toutes les raffineries au Québec - celle de Valero à Lévis, celle de Suncor à Montréal - peuvent prendre notre produit. La raffinerie d'Irving au Nouveau-Brunswick aussi, et il y a des raffineries du nord des États-Unis qui ont des besoins. »

Premier test

Cuda sera le premier promoteur à tester les nouvelles règles mises en place par le gouvernement québécois pour évaluer les projets d'hydrocarbures. Il devra soumettre une étude d'impact qui comprendra une estimation des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par le projet. Et en plus de l'évaluation environnementale, il devra démontrer la viabilité économique de l'initiative à la Régie de l'énergie.

M. Lavoie voit d'un bon oeil cette double évaluation qui, selon lui, favorisera l'acceptabilité sociale du projet.

« Il y a beaucoup de consultation dans chacun des volets des processus qui ont été mis en place par le gouvernement, a-t-il convenu. On va passer à travers, on va informer la population. »

Il ne nie pas que certains résidants de la Gaspésie s'opposent à l'exploitation d'hydrocarbures dans la région. Il croit toutefois que le projet entraînera des retombées intéressantes. Dans la phase de développement, le projet créera une centaine d'emplois. Dans sa phase d'exploitation, l'entreprise prévoit employer une trentaine de personnes.

« Il n'y a pas beaucoup de projets de ressources naturelles au Québec qui ne suscitent pas d'opposition, a convenu Mathieu Lavoie. Il faut apprendre à vivre avec cela et à informer correctement la population. »