Hydro-Québec a un atout majeur pour avoir sa part des 137 milliards de dollars qu'investira le Mexique pour la réfection de son réseau électrique : le nouveau président du pays, Andrés Manuel López Obrador.

À l'issue d'une rencontre, le 19 décembre dernier, qui a été rediffusée sur sa chaîne YouTube et qui est passée inaperçue au nord de la frontière, M. López Obrador a vanté la capacité technologique d'Hydro-Québec et annoncé qu'une entente serait signée.

« Nous avons discuté avec des dirigeants d'Hydro-Québec, une entreprise du gouvernement canadien [sic] avec laquelle nous réaliserons un programme de coopération », a annoncé le président mexicain. La vice-présidente des affaires internationales d'Hydro-Québec, Jacqueline Mongrut, l'ambassadeur du Canada Pierre Alarie et la déléguée générale du Québec Stéphanie Allard-Gomez assistaient à la rencontre.

« C'est la bonne nouvelle du jour, a poursuivi le président mexicain. Hydro-Québec possède la technologie pour moderniser le réseau, changer les turbines pour produire avec la même eau jusqu'au double d'énergie électrique que nous produisons présentement. »

Sortie prématurée

Chez Hydro-Québec, on accueille avec satisfaction l'enthousiasme du président du Mexique, mais on précisait hier qu'aucune entente n'avait encore été conclue. 

« De nombreuses étapes doivent encore être complétées. On a eu de très bonnes rencontres et on est heureux de poursuivre ces discussions. » - Lynn Saint-Laurent, porte-parole d'Hydro-Québec

Même son de cloche au gouvernement Legault. « Il y a eu effectivement une bonne rencontre. Il y a des évaluations qui se font, mais on n'est pas à l'étape d'une entente », a affirmé Claude Potvin, attachée de presse du ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien.

Bien que manifestement prématurée, la sortie publique du président López Obrador a donné de nouvelles informations concernant cet important contrat qu'Hydro-Québec tente d'obtenir depuis plus d'un an et demi.

D'abord sur son ampleur : le Mexique veut moderniser ses 60 centrales hydroélectriques en installant notamment de nouvelles turbines qui lui permettraient de doubler sa capacité de production. De 13 000 MW, selon le World Energy Council, on passerait ainsi à 26 000.

À titre de comparaison, les 89 centrales hydroélectriques gérées par Hydro-Québec ont une capacité de production de 37 309 MW, selon le rapport annuel 2017. À terme, le Mexique disposerait donc des deux tiers de la capacité de production hydroélectrique du Québec.

« Coentreprise » en vue

Le président a par ailleurs bien précisé qu'il n'était pas question de construire d'autres barrages, mais plutôt de moderniser des infrastructures qu'il juge « sous-exploitées ». 

L'entente avec Hydro-Québec pourrait prendre la forme d'une « coentreprise » ou d'un « co-investissement » - le président utilise les deux termes. Du côté d'Hydro-Québec, on n'a pas voulu divulguer la nature de l'entente présentement négociée avec le Mexique, pas plus que son montant ou les échéances.

« Au stade où on en est, on ne peut en dire davantage : il y a une évaluation technique et stratégique qui est en cours », a expliqué Lynn Saint-Laurent.

En mars dernier, La Presse rapportait que le premier investissement international important d'Hydro-Québec serait probablement au Mexique. Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles de l'époque, Pierre Moreau, avait indiqué qu'Hydro-Québec allait soumettre une proposition offrant à la fois du capital et de la technologie.

Le Mexique est activement lancé dans une réforme énergétique depuis 2013, présentée comme « le changement économique le plus important des 50 dernières années ».