La présence croissante de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) à l’international continue à faire gonfler la masse salariale de son effectif oeuvrant à l’extérieur de la province, qui a été de 59,4 millions l’an dernier.

Il s’agit d’une croissance de 56 % par rapport à environ 38 millions en 2017, indiquent des données obtenues par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

C’est également huit fois plus comparativement à la somme allouée en 2014, lorsque le président et chef de la direction du gestionnaire de régimes de retraite, Michael Sabia, avait annoncé un virage plus prononcé à l’international.

Depuis, le nombre d’employés de la CDPQ situés à l’extérieur du Québec est passé de 26 à 133 répartis dans ses 10 bureaux. Cela représente environ 8,6 % de son effectif total. La plus récente antenne de l’institution a été ouverte l’an dernier à Sao Paulo, au Brésil.

« Nous embauchons les experts dont nous avons besoin pour aller chercher les meilleures occasions d’investissement », a expliqué le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon, au cours d’un entretien téléphonique.

Celui-ci a précisé que la progression de la masse salariale, qui comptabilise plusieurs facteurs comme le salaire de base, les avantages sociaux et les primes, s’explique notamment par la présence d’employés spécialisés dans des secteurs comme les placements privés et les infrastructures — des actifs de plus en plus prisés par la CDPQ.

En date du 31 décembre 2018, l’actif net de la Caisse était de 309,5 milliards. Son exposition aux marchés mondiaux était de 64 %.

Il n’a toutefois pas été possible d’obtenir la ventilation du nombre d’employés dans chaque bureau, les différentes catégories de postes ainsi que les échelles salariales. Selon la réponse de l’institution, une « telle divulgation pourrait porter atteinte » à ses « intérêts économiques ».

En plus de Sao Paulo, le bas de laine des Québécois est également présent à New York, Washington, Londres, Paris, Mexico, New Delhi, Singapour, Shanghai ainsi que Sydney. La plupart des bureaux ont été ouverts entre 2014 et 2016.

« Cela commence à faire du monde, a souligné Luc Bernier, professeur à l’Université d’Ottawa et titulaire de la chaire Jarislowsky sur la gestion dans le secteur public. Oui, il faudrait que l’on finisse par atteindre un plateau. (Le nombre d’employés à l’étranger) a plus que doublé en deux ans. C’est du monde. »

Au cours d’un entretien téléphonique, celui-ci s’est montré étonné de voir la Caisse refuser de donner une idée du nombre d’employés dans chacune de ses antennes à l’extérieur de la province.

Selon M. Bernier, une plus grande transparence de l’institution de ce côté permettrait aux déposants, parmi lesquels figurent des milliers de travailleurs québécois, d’avoir une meilleure idée de la stratégie en place.

Stabilité

En dépit de la progression marquée de la masse salariale des employés de la Caisse à l’étranger, M. Chagnon a tenu à rappeler que dans l’ensemble, les charges d’exploitation et les frais de gestion de l’institution étaient demeurés stables, à 22 cents par 100 $ d’actif net, de 2017 à 2018.

« Nous avons une approche disciplinée, a-t-il dit. Mais nous n’allons jamais hésiter à payer ces sommes pour aller chercher des milliards de dollars en rendements. »

Parmi les six principaux dirigeants de la CDPQ, trois se trouvaient à l’étranger en 2018.

À Londres, le chef des placements privés, Stéphane Etroy, a obtenu une rémunération globale d’environ 4,4 millions. Du côté de New Delhi, Anita George a vu son salaire total s’établir à 1,9 million. Les émoluments du vice-président aux infrastructures, Emmanuel Jaclot, également à Londres, ont été de 2,6 millions. Dans le cas de M. Jaclot, celui-ci demeure au Québec depuis l’été, a indiqué la Caisse, lundi.

Le bas de laine des Québécois a déjà exploité 11 bureaux à l’étranger au début des années 2000, mais huit antennes avaient mis la clé sous la porte, alors que le président et chef de la direction était Henri-Paul Rousseau.

La masse salariale de la CDPQ à l’étranger (le nombre d’employés se trouve entre parenthèses)

— 2014 : 7,2 millions (26 employés)

— 2015 : 16,6 millions (50)

— 2016 : 25,1 millions (57)

— 2017 : 38 millions (94)

— 2018 : 59,4 millions (133)