Aurez-vous droit à une hausse ou à une baisse d’impôt ? Reviendra-t-on au déficit zéro ? La taxe sur le carbone survivra-t-elle ? Y aura-t-il éventuellement un nouvel oléoduc au Québec ? Que faire s’il y a une récession ? Voilà cinq questions économiques auxquelles vous connaîtrez (espérons-le) la réponse d’ici les élections fédérales du 21 octobre prochain.

Impôt

Aurez-vous droit à une hausse, à une baisse ou au statu quo de votre fardeau fiscal au cours des quatre prochaines années ? Les conservateurs font de la baisse du fardeau fiscal l’un des principaux thèmes de leur campagne. Ils ont déjà deux promesses à leur actif : abolir la TPS sur le chauffage résidentiel et offrir un crédit d’impôt qui abolit une grande partie de l’impôt fédéral sur les prestations de congé parental (crédit d’impôt de 4000 $ pour un parent gagnant 50 000 $ par an). Durant les quatre dernières années, les libéraux ont réduit le taux d’impôt fédéral de 22 % à 20,5 % pour la tranche de revenus de 45 000 $ à 90 000 $, tout en augmentant de 29 % à 33 % le taux d’impôt pour la tranche de revenus supérieure à 200 000 $ par an. Les engagements libéraux sont attendus d’ici le scrutin.

Déficit

Le gouvernement fédéral retournera-t-il à l’équilibre budgétaire ? Oui, d’ici les cinq prochaines années, disent les conservateurs. Les libéraux, eux, ne donnent pas d’échéancier. Ottawa prévoit actuellement que le déficit fédéral passera de 19,8 milliards en 2019-2020 à 9,8 milliards en 2023-2024. Pour retourner au déficit zéro, le chef conservateur Andrew Scheer a promis de ne pas faire de coupes dans les transferts aux provinces, l’Allocation canadienne pour enfants et les prestations aux aînés. En 2015, le chef libéral Justin Trudeau avait promis deux années de déficit à 10 milliards par an, une autre année de déficit à 5,7 milliards et le retour à l’équilibre budgétaire en 2019-2020. Le déficit fédéral a plutôt explosé : il est de 19,8 milliards en 2019-2020. Cette fois-ci, les libéraux s’engagent plutôt à continuer de réduire le ratio dette nette/PIB. À 30,7 %, ce ratio est le plus bas des pays du G7.

Taxe sur le carbone

La taxe sur le carbone survivra-t-elle aux élections ? En cas de victoire, les conservateurs ont promis de l’abolir, alors que les libéraux, qui l’ont introduite cette année, la conserveront. Au Québec, le marché du carbone créé en 2013 sert de taxe sur ce polluant. Sur ce marché, les entreprises polluantes doivent acheter des crédits. La tonne de carbone se vend 20,82 $ au Québec en 2019. La taxe fédérale sur le carbone est de 20 $ la tonne en 2019 et passera à 50 $ la tonne en 2022. Cette taxe s’applique dans cinq provinces – celles qui n’ont pas de système pour faire payer les pollueurs : l’Ontario, l’Alberta, le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan et le Manitoba. En contrepartie, Ottawa offre des allocations aux résidants de ces provinces pour compenser le coût de la taxe sur le carbone. Plusieurs provinces contestent en cour la taxe fédérale sur le carbone.

Oléoducs

Que faire avec l’oléoduc Trans Mountain ? Doit-on construire d’autres oléoducs pour exporter le pétrole de l’Ouest canadien ? Ressusciter le projet d’oléoduc Énergie Est ? Autoriser le projet de gazoduc de l’Ontario (Gazoduq/usine GNL Québec) jusqu’au Saguenay ? Les ressources énergétiques seront un sujet de discussion important de la campagne, surtout dans l’Ouest canadien. L’une des propositions phares des conservateurs : créer d’ici 2030 un corridor énergétique pour acheminer le pétrole d’ouest en est, et aussi pour exporter l’hydroélectricité du Québec vers l’ouest. Le hic, c’est qu’il y a peu d’intérêt pour l’instant pour les exportations d’hydroélectricité québécoise en Ontario et dans l’Ouest canadien. Un gouvernement conservateur imposerait-il ce corridor sans l’accord des provinces et des communautés autochtones ? C’est une question « hypothétique », répond le chef Andrew Scheer. Au Québec, le gouvernement Legault s’oppose à un nouvel oléoduc qui passerait dans la province.

Récession

Durant la campagne, les chefs fédéraux voudront sans doute parler le moins possible du mot qui commence par la lettre « r ». Mais l’ombre d’une récession plane sur le mandat du prochain gouvernement. La dernière récession remonte à mai 2009, soit il y a plus de 10 ans. Nous vivons donc la troisième période de croissance économique sans récession parmi les plus longues au Canada depuis les années 30. Mais toute bonne chose a une fin, dit-on. Matthieu Arseneau, chef économiste adjoint à la Banque Nationale Marchés financiers, estime les probabilités d’une récession au Canada à 18 % d’ici un an, 40 % d’ici deux ans et 50 % d’ici trois ans. Une récession exercerait une pression sur les finances publiques (les revenus du gouvernement diminuent, tandis que les dépenses augmentent de façon générale).