Stéphan Crétier, fondateur et PDG de GardaWorld, ne s’ennuie pas des 14 années durant lesquelles son entreprise a été cotée en Bourse. Privatisée depuis 2012, GardaWorld a vu sa valorisation quintupler pour atteindre aujourd’hui 5,2 milliards de dollars dans la foulée d’une nouvelle restructuration de son capital réalisée en partenariat avec la firme d’investissement BC Partners.

Malgré une journée longue et chargée, la voix de Stéphan Crétier n’était nullement altérée au bout du fil, en dépit des 51 degrés Celsius qu’affichait le thermomètre à Dubaï où réside le fondateur de GardaWorld sept mois par année pour y superviser l’expansion mondiale du groupe.

« On vient de réaliser avec BC Partners le plus gros rachat d’actions de l’histoire canadienne en faisant l’acquisition du bloc d’actions que détenait le groupe Rhône dans GardaWorld, soit 5,2 milliards, et on poursuit notre plan de développement », soulignait avec enthousiasme Stéphan Crétier.

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Stéphan Crétier, fondateur et PDG de GardaWorld

GardaWorld emploie aujourd’hui 92 000 personnes en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Le siège social de l’entreprise est à Montréal, mais le siège social international de l’organisation est établi à Dubaï. Le groupe de services de sécurité est notamment actif dans la protection des entreprises, des personnes et des institutions publiques, le transport de valeurs et les systèmes d’alarme.

GardaWorld est redevenue une société privée en 2012 lorsque Stéphan Crétier et le fonds d’investissement Apax Partners ont lancé une offre publique d’achat sur l’entreprise.

Éprouvé par le krach boursier de 2008 et lassé de se faire rappeler par les analystes financiers que GardaWorld avait un taux d’endettement trop élevé, Stéphan Crétier a décidé de racheter l’entreprise.

Le fondateur a conservé son bloc de 25 % des actions de Garda et les 5 % appartenant à la direction, alors qu’Apax Partners a pris une participation majoritaire de 70 % au terme d’une transaction évaluée à 1,1 milliard.

Trois ans plus tard, en 2016, Apax Partners a vendu 45 % des actions de GardaWorld au fonds d’investissement new-yorkais Rhône Group, alors que Stéphan Crétier et la direction ont haussé leur participation à 40 %. L’entreprise était alors évaluée à 3 milliards.

Hier, ç’a été au tour de Rhône Group de monétiser son aventure dans GardaWorld en vendant ses actions à BC Partners et à Stéphan Crétier dans une transaction qui a valorisé l’entreprise à 5,2 milliards.

Du rendement et de la croissance

« Les fonds comme Rhône Group investissent habituellement sur un horizon de cinq à sept ans et espèrent obtenir des rendements annuels de 10 à 15 %. On a généré des rendements annuels de 30 % au cours des trois dernières années, et Rhône Group était très satisfait de son coup. Il y a beaucoup de fonds de disponibles, et c’est facile pour nous de trouver des investisseurs qui veulent poursuivre notre plan de croissance », constate Stéphan Crétier.

Le PDG et fondateur de GardaWorld est surtout fier de faire la démonstration que son entreprise partage une forte culture de propriétaire. En sept ans, la participation de Stéphan Crétier et de la direction de Garda est passée de 30 % à 49 %.

« On aurait pu encaisser quand on détenait 30 % de l’entreprise, mais on y croit, l’équipe de direction y croit, et on livre les résultats », insiste Stéphan Crétier.

À 55 ans, Stéphan Crétier affirme qu’il a toujours l’ambition de faire de GardaWorld la plus grande entreprise de services de sécurité au monde. Avec un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards, GardaWorld se classe au quatrième rang mondial, mais génère une croissance organique supérieure à celle de ses pairs.

« On a fait peu d’acquisitions, mais on développe sans cesse de nouveaux marchés. Au cours des deux dernières années, on a haussé de 120 millions nos revenus au Canada.

« On vient de réaliser une petite acquisition aux États-Unis dans les services de sécurité, mais on a identifié qu’elle a le potentiel d’ajouter 500 millions de revenus d’ici un an », anticipe Stéphan Crétier.

L’entrepreneur est évidemment pleinement conscient de sa propre valorisation puisque la valeur de ses actions dans GardaWorld lui confère aujourd’hui une fortune personnelle de plus de 2 milliards.

Serait-il tenté de payer de sa poche la construction d’un nouveau stade de baseball à Montréal, lui qui fait partie du groupe d’investisseurs qui travaillent au retour des Expos ?

« On peut certainement penser à un club de la NBA à Montréal », répond du tac au tac et le plus sérieusement du monde Stéphan Crétier, qui souhaite devenir actionnaire minoritaire d’une équipe de basketball à Montréal. Au rythme où se valorise GardaWorld, on devra peut-être effectivement le prendre au sérieux dans trois ans.