(Montréal) Aimia poursuit un de ses anciens présidents devant un tribunal américain, accusant Nathaniel Felsher d’avoir envoyé par courriel des « secrets commerciaux » à son père, un conseiller en investissement établi à New York.

Selon la poursuite, M. Felsher aurait envoyé à son père, en octobre dernier, des courriels contenant des brouillons confidentiels d’une offre présentée par un acheteur éventuel, après qu’Aimia eut annoncé la conclusion d’une entente de principe pour céder son programme de primes Aéroplan à Air Canada.

Les Felsher ont réfuté en juin les allégations d’appropriation illicite de la poursuite, qui a été déposée en mars. Les accusations n’ont pas été prouvées.

Aimia a licencié son ancien président en novembre dernier, moins de trois mois après son entrée en poste.

M. Felsher a reconnu avoir transmis par courriel l’offre à son père, mais soutient qu’il avait le droit d’utiliser des informations confidentielles comme il l’entendait — en autant d’avoir pris des dispositions pour empêcher leur « utilisation non autorisée » — et qu’aucun secret commercial n’a été utilisé.

L’affaire vient s’ajouter à d’autres reproches exprimés ces derniers jours par des actionnaires de la firme spécialisée dans la fidélisation des consommateurs. Depuis qu’Aimia a vendu, au début de l’année, le programme de fidélisation Aéroplan à Air Canada pour 450 millions, la société montréalaise se retrouve avec d’importantes liquidités, mais plusieurs questions persistent quant à son avenir.

La poursuite énumère d’autres plaintes relatives à la confidentialité, alléguant que M. Felsher a envoyé à son père des prévisions financières et des « affaires bancaires » dans le cadre d’une série de diapositives préparée en septembre pour la réunion du conseil d’administration de Big Loyalty, le programme de récompense d’Air Asia. Aimia détient une participation de 20 % dans Big Loyalty et M. Felsher a brièvement siégé à son conseil d’administration.

« Tout au long de son emploi, Nathaniel Felsher a également envoyé des centaines de courriels contenant des informations confidentielles sur la société et des secrets commerciaux extrêmement sensibles sur son compte de courriel personnel Gmail », indique la poursuite.

Aimia a licencié M. Felsher le 14 novembre en raison de son « incapacité » à exécuter ses fonctions de dirigeant, selon la poursuite. Les courriels ont été découverts par la suite, ajoute le document.

M. Felsher nie s’être prêté à des actes répréhensibles. « Aucune des informations envoyées par le défendeur par courriel à son compte de messagerie personnel ou à son père (Steven) n’était un secret commercial ou confidentiel », indique-t-il dans réponse à la cour.

« Plus important encore, Aimia ne tente nulle part dans sa plainte de démontrer que Nathaniel ou Steven ont utilisé de quelque manière que ce soit les soi-disant informations confidentielles et secrets commerciaux », est-il écrit dans un autre document déposé.

M. Felsher ajoute aussi avoir « été informé qu’il devrait utiliser son compte de messagerie personnel pour les dossiers particulièrement sensibles, car son adresse courriel d’Aimia n’était pas confidentielle ».

Aimia réclame des dommages-intérêts au tribunal de New York. Les Felsher ont demandé au juge de rejeter l’affaire.

Mardi, le principal actionnaire d’Aimia s’est opposé à la nomination de deux nouveaux administrateurs au conseil d’administration, venant accentuer les tensions entre la direction et les investisseurs de la société.

La firme Mittleman Brothers LLC, qui détient ou contrôle environ 23,3 % des actions en circulation d’Aimia, a indiqué que la société ne l’avait pas consultée au sujet des administrateurs nommés lundi.

Aimia subissait déjà la pression d’un groupe d’actionnaires qui réclame une reprise de l’assemblée annuelle d’Aimia, qui s’est tenue le mois dernier et qui, selon eux, était « entachée d’irrégularités ».

La société a pour sa part estimé que l’assemblée du 28 juin s’était déroulée dans les règles de l’art et qu’une reprise de l’assemblée serait « redondante ».