L’organisme Québec Bourse se réjouit de la manchette de La Presse d’hier voulant que le Cirque du Soleil se prépare à faire le saut en Bourse aussi rapidement que l’an prochain. Cette nouvelle soulève toutefois aussi des questionnements.

« C’est intéressant à plusieurs égards », commente Louis Doyle, directeur général de Québec Bourse, une association regroupant une centaine de membres (sociétés ouvertes, investisseurs institutionnels, cabinets d’avocats, etc.) dont la mission est de promouvoir leurs intérêts et de valoriser les marchés boursiers.

« On le sait tous, le Cirque est un leader mondial dans son domaine. C’est un centre d’innovation incroyable et ses dirigeants arrivent à la conclusion qu’une stratégie de croissance par endettement ne suffit pas. Il y a un message fort [en faveur des marchés boursiers]. »

Si une entrée éventuelle du Cirque en Bourse se concrétise, il s’agira assurément d’une opération de taille importante, et Louis Doyle se demande dans quelle mesure une place sera réservée aux professionnels d’ici. Il fait notamment référence aux courtiers, avocats, vérificateurs, investisseurs, etc.

« Y aura-t-il une proportion significative de l’émission offerte à des institutionnels québécois, par exemple ? Puisque le Cirque est une entreprise de classe mondiale, il se peut bien que le Canada ne soit pas le plus important pays acheteur d’actions. » — Louis Doyle, directeur général de Québec Bourse

Nouvelle positive

Pour Québec Bourse, une nouvelle comme celle-là est très positive, poursuit Louis Doyle, parce que si un leader comme le Cirque considère une inscription à la Bourse comme étant une étape logique dans son évolution, ça devrait aider à sensibiliser d’autres entrepreneurs à la pertinence de considérer cette possibilité pour financer la croissance.

L’autre message intéressant aux yeux de Louis Doyle est l’horizon des firmes privées d’investissement qui souhaitent monnayer leurs placements. « C’est certain que cela exerce une influence sur la décision. Au même titre que ce fut le cas notamment pour Stingray et GDI, par exemple, lorsque ces entreprises ont annoncé leur décision d’aller en Bourse. Que tu sois une PME vedette ou une entreprise de taille mondiale, tu fais face aux mêmes réalités. »

Le Cirque a été vendu au printemps 2015 pour quelque 1,75 milliard US à un groupe d’acheteurs dirigé par la firme TPG Capital (près de 60 %), de San Francisco. Les autres actionnaires sont la chinoise Fosun Capital, la Caisse de dépôt et placement du Québec et Guy Laliberté.

Comme l’indiquait le reportage publié hier dans La Presse, le Cirque a besoin de capital pour assurer sa croissance, lui qui a fait trois acquisitions depuis 2017. Lors de l’annonce de l’achat de The Works Entertainment, en février, le PDG Daniel Lamarre avait déclaré qu’il souhaitait faire une acquisition par année, selon les occasions qui se présenteraient.

Ces acquisitions, faites essentiellement par endettement, ont eu pour effet d’exercer une pression sur la cote de crédit de l’entreprise telle que mesurée par les firmes Moody’s et Standard & Poors. Pour poursuivre son élan, le Cirque pourrait avoir besoin de se financer par injection de capitaux plutôt que par endettement.