Le porc frais vendu chez IGA sera dorénavant exclusivement québécois. L’enseigne, propriété de Sobeys, devient la première à réserver l’espace sur ses tablettes uniquement pour le porc d’ici.

Près de 7 millions de porcs sont élevés et abattus chaque année au Québec, selon les Éleveurs de porcs du Québec. Malgré tout, les consommateurs déposent parfois dans leur panier d’épicerie un produit en provenance des États-Unis. C’est que la Belle Province exporte 70 % de sa production. Et selon le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, l’industrie « n’arrive pas à compléter ses carnets de commandes ». Les États-Unis, le Japon, la Chine et la Corée représentent les principaux marchés étrangers.

Résultat : les supermarchés doivent parfois se tourner vers la viande américaine pour répondre à la demande locale. « Avec un filet de porc en page frontale [de la circulaire], à un prix très agressif, on n’était pas capables d’avoir assez d’approvisionnement pour n’avoir que du Québec », illustre Stéphane Bergeron, directeur de la mise en marché, viandes et poissons, chez Sobeys, au cours d’une rencontre avec La Presse. Avant de mettre en place cette initiative, près de 30 % du porc offert dans la section des viandes de la chaîne provenait de nos voisins du Sud.

Pour remédier à la situation, IGA a donc décidé de travailler en consultant directement les transformateurs avant d’annoncer le porc comme produit vedette dans sa circulaire.

« On travaille avec nos transformateurs pour être capables de sécuriser des volumes à des moments-clés de l’année. On va planifier nos annonces majeures quatre mois à l’avance. » — Stéphane Bergeron

Sobeys, qui offrira aussi du porc 100 % québécois dans ses magasins Marché Bonichoix, Marché Tradition et Rachelle-Béry – pour un total de 440 succursales –, s’assure ainsi que ses côtelettes ou autres filets seront toujours en quantité suffisante dans les étals.

Des tests ont d’ailleurs été effectués pendant quelques mois pour vérifier l’efficacité de ce nouveau modus operandi. Ainsi, dès cette semaine, les clients qui feront leurs achats dans les magasins du groupe Sobeys apercevront un autocollant bleu « Le porc du Québec » placé bien en vue sur chaque paquet de viande fraîche. Toutefois, le bacon, les saucisses et les aliments congelés ne figurent pas sur la liste des produits visés. On ne peut garantir une provenance 100 % québécoise.

Par ailleurs, était-ce facile auparavant pour le consommateur de connaître la provenance de son porc ? « La réponse, c’est non, affirme sans détour M. Bergeron. C’est un gros désir du consommateur d’avoir une transparence, d’avoir une traçabilité. »

Consommation de porc

La décision de l’entreprise de ne laisser entrer que du porc frais québécois dans ses succursales est qualifiée d’« historique » par le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval. 

Depuis quelques années, le syndicat a été très dynamique d’un point de vue publicitaire pour permettre au porc de prendre une plus grande place dans le menu des Québécois. Chez IGA, il se classe au troisième rang des viandes les plus vendues, derrière le bœuf et la volaille. Entre 2005 et 2014, la consommation de porc au Canada a diminué de 11 %, passant de 23 kg par personne annuellement en 2005 à 20,6 kg en 2014, selon la Monographie de l’industrie porcine du Québec, rédigée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Conscient de cette baisse de popularité, David Duval reconnaît qu’il s’agit ici « d’un beau défi » pour son industrie.

La place du porc dans les autres enseignes

Par ailleurs, les autres chaînes de supermarchés assurent elles aussi donner une place de choix au porc frais québécois, sans toutefois en garantir l’exclusivité.

« Presque la totalité de notre approvisionnement en porc provient du Québec, mentionne Geneviève Poirier, porte-parole pour Provigo et Maxi. Cependant, lorsque le porc est en promotion ou en vedette dans la circulaire et que nous devons nous assurer d’avoir une quantité suffisante et disponible en inventaire afin de répondre à la demande de notre clientèle, nous ajoutons au besoin du porc canadien ou américain à notre approvisionnement. »

Même son de cloche du côté de Metro. « On priorise toujours le porc du Québec et on comble avec les États-Unis, souligne pour sa part Geneviève Grégoire, chef des communications pour Metro. Pour certaines coupes, c’est 100 % ou presque du Québec. Pour d’autres coupes, c’est moins, car il y en a peu. »