Un consortium regroupant notamment Air Transat et Aéroports de Montréal recevra une bourse fédérale de 2 millions de dollars pour bâtir dès cet été, à Montréal, une usine de test produisant du carburant pour avions à partir du gaz carbonique émis par une cheminée industrielle.

Le consortium SAF+ est l’un des quatre gagnants de la première étape du Défi Visez haut mis sur pied par Ressources naturelles Canada. Ce défi vise à favoriser la création au pays d’une chaîne d’approvisionnement en carburant propre pour l’aviation. L’industrie aéronautique s’est fixé comme objectif, d’ici 2050, une réduction de 50 % de ses émissions par rapport au niveau de 2005.

Alors que la plupart des solutions qui existent déjà dans ce domaine misent sur la biomasse, SAF+ Consortium veut plutôt combiner des technologies existantes pour, d’une part, récupérer du gaz carbonique (CO2) émis par des processus industriels et, d’autre part, les convertir en kérosène, réduisant ainsi d’environ 80 % les émissions sur l’ensemble du cycle de vie.

« On prend des bouts qui existent un peu partout et on les met ensemble », résume le directeur technique du consortium, Alexandru Iordan.

Mise à l’échelle

Le consortium, mené par le Groupe Conseil Carbone, entend capter le carbone produit par un autre de ses membres, l’usine de Chimie Parachem, à Montréal-Est. CO2 Solutions, elle aussi membre, y a déjà installé l’équipement nécessaire, grâce notamment à un appui du gouvernement du Québec.

Ce carbone serait ensuite appelé à remplacer le méthane ou le charbon dans un processus de création de kérosène synthétique qui est déjà employé à grande échelle ailleurs dans le monde. Là encore, la technique de conversion a déjà été démontrée, à petite échelle.

« Nos recherches portent sur la façon de mettre ensemble la captation et la conversion, poursuit M. Iordan. L’enjeu n’est plus un enjeu de laboratoire, c’est de mettre tout cela à échelle. »

Le temps presse pour le consortium, qui devra construire et mettre en fonction son usine de test au cours de l’été. Une deuxième étape du Défi Visez haut attribue 5 millions de dollars à celui des quatre finalistes qui sera parvenu aux meilleurs résultats.

Cette petite usine pourrait produire environ une centaine de litres par jour, une quantité microscopique à l’échelle des besoins dans le monde de l’aviation, mais importante quand on considère que Ressources naturelles Canada n’exige qu’une soumission de 10 litres pour la deuxième étape de son concours, qui remettra 5 millions de dollars à celui des quatre finalistes qui sera parvenu au meilleur résultat.

Vers une usine complète

Si le test s’avère concluant, les partenaires de SAF+ pourraient bâtir une usine complète à Montréal, dont la capacité serait « de millions de litres par année », selon M. Iordan.

Le modèle d’affaires envisagé par SAF+ le verrait recevoir des émetteurs de carbone un prix fixe pour chaque tonne, explique Jean Paquin, président du consortium, mettant ainsi ces émetteurs à l’abri des fluctuations du marché du carbone. En revanche, concède-t-il, l’usine aura besoin de garanties quant à son approvisionnement. On ciblera donc des procédés industriels qui, par leur nature, ne sont pas susceptibles d’être remplacés par des solutions plus écologiques avant encore plusieurs années.

En plus des entreprises précédemment citées, SAF+ regroupe Valorisation carbone Québec, le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) et Hatch.