(Montréal) Le patron de la plus grande société de transport ferroviaire au Canada estime que le transport du pétrole brut par rail demeure une solution lucrative, mais temporaire, aux problèmes de pipelines du pays.

« Le rôle de l’industrie ferroviaire est récent et probablement temporaire. Nous ne sommes pas là pour remplacer les pipelines ; nous sommes là pour être en complément pendant un certain temps », a déclaré le chef de la direction de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), Jean-Jacques Ruest, en entrevue avec La Presse canadienne.

« Nous sommes en mesure de devenir un pont, si vous voulez, d’ici la construction des pipelines. Nous pourrions être un pont pour la prochaine année, pendant deux ou trois ans. »

M. Ruest a souligné que son entreprise avait augmenté sa capacité en ajoutant des voies, des équipages et des locomotives. Ses volumes ont cependant chuté cette année, par rapport à ses niveaux record de l’automne, après que l’Alberta eut imposé un plafond à la production pétrolière pour faire augmenter le prix du brut canadien.

Les tentatives de construction ou d’agrandissement de canalisations ont échoué ces dernières années, laissant les chemins de fer prendre le relais. Des projets importants, tels que les pipelines Northern Gateway et Énergie Est, ont été annulés et des retards continuent de tourmenter l’agrandissement de Trans Mountain, le remplacement de la canalisation 3 et l’oléoduc Keystone XL.

Les livraisons par train augmentent

Selon l’Association of American Railways, les livraisons de pétrole et de produits pétroliers des chemins de fer du Canadien National et du Canadian Pacifique ont progressé de 23 % en 2018.

Les exportations de pétrole brut par rail ont atteint un record de 327 229 barils par jour en octobre, soit une augmentation de 58 % d’une année à l’autre, selon l’Office national de l’énergie.

M. Ruest indique cependant que les exportations de brut du CN vers les États-Unis sont maintenant en baisse de 40 % par rapport au mois de décembre, pour s’établir à environ 150 000 barils par jour. Toutefois, les recettes tirées du pétrole et des produits chimiques ont augmenté de 25 % au cours du dernier trimestre.

« Notre hypothèse à ce stade est que si l’écart se situe à environ 15 $ ou plus, les activités de transport de brut par train entre l’Alberta et les États-Unis vont recommencer à augmenter », a-t-il précisé.

Nouveau gouvernement en Alberta

M. Ruest n’a pas voulu dire s’il a été en contact avec le Parti conservateur uni, qui a officiellement pris les rênes du gouvernement albertain mardi.

« Ils sont bien placés pour agir, quelle que soit la voie qu’ils choisissent, a-t-il déclaré. Le temps nous le dira. »

En mars, M. Kenney avait promis qu’un gouvernement conservateur tenterait d’annuler l’accord de 3,7 milliards conclu par l’Alberta avec le CN et le Canadien Pacifique pour expédier davantage de pétrole par train, qualifiant ce plan « d’erreur catastrophique du NPD ».