Même si Desjardins a évacué l’abeille de son logo l’an dernier, le Mouvement ne veut pas que ses membres aillent butiner ailleurs. C’est pourquoi il vient de remodeler sa fameuse ristourne qui a maintenant des allures de prime à la fidélité. Mais à titre de magasineuse invétérée, je trouve que la coopérative n’offre pas si cher pour garder la clientèle dans sa ruche.

En fait, la nouvelle ristourne « produits » de Desjardins rapportera 50 $ par année aux clients qui possèdent au moins un produit dans quatre catégories différentes (seulement trois pour les jeunes). Pour y avoir droit, le membre doit donc détenir un compte bancaire, un placement, un emprunt et une assurance.

Le pactole ! Le client parfait dont rêvent toutes les institutions financières.

Alors que les banques se battent à grands coups de ventes croisées pour encourager leurs clients à regrouper toutes leurs activités chez elles, la ristourne imposable de 50 $ versée par Desjardins me semble peu convaincante.

En magasinant, les consommateurs peuvent économiser pas mal plus d’argent que cette somme.

Par exemple, le compte d’épargne à intérêts élevés de Desjardins offre un taux de 1,05 % en ce moment, ce qui se compare avantageusement aux grandes banques canadiennes. Par contre, les épargnants aguerris trouveront plusieurs banques virtuelles avec un taux supérieur à 2 %.

Même EQ Bank, une filiale de Desjardins qui offre ses services uniquement à l’extérieur du Québec, à mon grand désappointement, affiche actuellement un taux de 2,3 %. Sur des économies de 10 000 $, l’écart de taux de 1,25 % représente des intérêts additionnels de 125 $ par année.

Mais c’est le volet assurance qui me chicote le plus.

Dans ce domaine, les consommateurs ont déjà énormément de pression pour souscrire à des produits souvent chers et inutiles. Je pense entre autres à l’assurance solde sur les cartes de crédit.

Les clients se font aussi gentiment tordre le bras pour prendre de l’assurance vie assortie à leur prêt hypothécaire, ce qui peut coûter des milliers de dollars, alors qu’ils ont déjà une protection adéquate avec leur employeur.

Et même lorsque le client a vraiment besoin d’une assurance, il est crucial de magasiner. En assurance auto, par exemple, les primes varient du simple au double… et même davantage, comme le démontre une enquête annuelle réalisée par l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Dans un cas, la prime offerte par l’assureur le plus concurrentiel est presque trois fois moins chère (835 $) que celle de l’assureur le plus gourmand (2402 $). Cela signifie qu’en magasinant comme il faut, l’assuré pourrait économiser plus de 1500 $ par année.

La petite ristourne de 50 $ ne fait pas le poids à côté de ça.

Tout de même, les clients peuvent avoir de bonnes raisons de centraliser leurs affaires sous un même toit : 

– voir plus clair dans leurs finances personnelles ;

– obtenir un meilleur pouvoir de négociation pour décrocher des rabais ;

– encourager une institution financière du Québec, comme Desjardins qui est le plus important employeur privé de la province.

Je conviens aussi que la liste de produits admissibles de Desjardins est suffisamment longue pour que de nombreux clients obtiennent la ristourne fidélité sans perdre au change (voir la liste de produits à la fin du texte).

Ainsi, vous pourriez avoir un compte bancaire de base, une carte de crédit sans frais annuels (rien ne vous oblige à l’utiliser), un compte de courtage direct auprès de Disnat (avec des Fonds négociés en Bourse qui coûtent moins que rien en frais de gestion) et une assurance qui convient réellement à vos besoins.

Bingo ! Vous avez vos 50 $.

Et qui sait, cette somme augmentera peut-être avec le temps ? « Ce n’est pas un montant fixe », précise Chantal Corbeil, porte-parole du Mouvement Desjardins.

Les ristournes pourraient augmenter en fonction des excédents dégagés par la coopérative, qui ont atteint un record de 2,3 milliards l’an dernier. Cela permettra de retourner 253 millions aux membres, en juin prochain.

Malgré le rattrapage des dernières années, cette ristourne reste deux fois moins élevée qu’avant la crise du crédit de 2008 qui a forcé les Desjardins et autres à garder plus d’argent en réserve pour augmenter leur capitalisation. Les caisses, qui versaient la moitié de leurs excédents en ristournes au début des années 2000, ne retournent plus que 11 % à leurs membres aujourd’hui.

Au moins, la refonte fera en sorte que davantage de membres (70 %) recevront une ristourne qu’auparavant (50 %). En fait, 840 000 personnes de plus auront droit au cadeau, dont 300 000 jeunes de 18 à 30 ans.

Il faut dire que Desjardins mettra en place une forme de « péréquation » qui permettra à tous les clients de toucher une ristourne, même si leur caisse est moins performante.

D’autre part, certains membres qui avaient une hypothèque et des investissements importants vont peut-être recevoir moins qu’avant. Même si Desjardins continue de leur verser une ristourne en fonction du volume d’affaires, celle-ci sera moins généreuse.

Au total, c’est 3,3 millions de membres qui recevront en moyenne 75 $. Le miel sera versé en juin.

Rectificatif

Assurance-emploi

Une coquille s’est glissée dans ma chronique de dimanche dernier. Le délai de carence de l’assurance-emploi, c’est-à-dire la période d’attente avant de toucher des prestations, est passé de deux semaines à une seule depuis 2017. Mes excuses.