Édith Cloutier est devenue en mai dernier la première présidente régionale de Rogers Communications pour le Québec, une nomination qui traduisait la volonté bien affirmée du géant canadien des télécommunications d’assurer une présence plus forte dans le marché québécois. 

Cumulant la fonction de vice-présidente ventes, affaires et secteur public pour le Québec et la région d’Ottawa, Édith Cloutier s’est donné pour mandat de faire rayonner Rogers Communications à l’extérieur du Grand Montréal où elle assure une présence marquée avec plus de 2000 employés à son siège social de la Place Bonaventure.

Depuis votre tentative avortée d’acquérir Vidéotron au début des années 2000, il me semble que l’on n’a pas beaucoup entendu parler de Rogers au Québec, mis à part lors de la vente de vos publications francophones L’Actualité et Loulou, il y a trois ans, et Châtelaine, il y a un mois. Quelle est aujourd’hui la présence de Rogers au Québec ?

Rogers reste une force au Québec. On a plus de 3000 personnes qui travaillent à notre siège social de Montréal et à nos places d’affaires de Place McGill et de Côte-de-Liesse et dans nos 131 magasins que l’on opère dans toutes les régions du Québec.

On a une importante clientèle de détail que l’on dessert à travers notre réseau et notre centre d’appels virtuel, mais on a aussi une importante clientèle d’affaires.

Rogers est dans le top 3 au Canada avec plus de 13 millions d’usagers à son service de téléphonie sans fil, et au Québec, on fait aussi partie des joueurs les plus importants dans la téléphonie mobile avec plus de 1 million d’usagers.

Notre force, c’est le réseau sans fil, c’est le cœur de nos activités, tandis que les publications – tant francophones qu’anglophones – ne représentaient qu’une partie de notre portefeuille de division Médias.

Rogers a décidé de vendre certaines publications il y a trois ans et a complété le mouvement le mois dernier en vendant ce qui restait, notamment Maclean’s et Châtelaine, à un éditeur torontois.

Rogers est encore active dans les médias et le divertissement avec son réseau Sportsnet, sa chaîne Citytv qui opère notamment une station à Montréal et ses équipes sportives (Blue Jays de Toronto et 35 % des Maple Leafs, des Raptors et des Argonauts de Toronto).

Contrairement à votre position dans le reste du Canada, Rogers n’a aucune activité de câblodistribution au Québec et fait face à une concurrence plus importante avec la présence d’acteurs additionnels comme Vidéotron et Cogeco. Comment arrivez-vous à bien concurrencer ces entreprises ?

C’est justement pourquoi le nouveau PDG de Rogers, Joe Natale, qui est en fonction depuis deux ans, a décidé de créer des présidences régionales qui ont des structures bien réelles.

La situation de Rogers n’est pas la même au Québec qu’en Colombie-Britannique, dans les Prairies, en Ontario ou dans les Maritimes, ce ne sont pas les mêmes réalités.

On peut maintenant articuler une vision de développement bien à nous en mettant sur pied des activités différentes pour le Québec.

Pour ce qui est des activités de câblodistribution ou de téléphonie résidentielle, c’est vrai qu’on n’est pas dans ce marché-là, mais ça nous oblige à être solides dans notre domaine, particulièrement dans nos services à la clientèle.

Les jeunes n’ont pas de télé et ils ne s’abonnent plus à un service de téléphonie résidentielle, c’est un nouveau marché qui se dessine et on est en plein dedans.

Quelle est votre stratégie pour mieux faire sentir la présence et les services de Rogers au Québec dans ce contexte de forte concurrence ?

Au Québec, la compétition est forte et le marché est stimulant. Depuis un an, on développe nos stratégies locales pour mieux faire sentir notre présence dans le marché.

Cette stratégie repose sur trois piliers et le premier est nos 3000 employés qui agissent comme nos ambassadeurs auprès de nos clientèles et de la communauté.

Le deuxième pilier, ce sont les investissements que l’on fait dans la communauté où on est très actifs dans les domaines de l’éducation avec les Bourses d’études Ted Rogers, du sport avec notre participation à plusieurs événements, dont le Cyclo-défi et la Coupe Rogers, et enfin de la lutte contre le décrochage scolaire.

On investit aussi dans les technologies et l’amélioration de nos réseaux. L’an dernier, ce sont 2,8 milliards d’investissements que Rogers a réalisés au Canada et au Québec, on a notre propre équipe de gestion du réseau. On fait nous-mêmes le design, l’implantation et la maintenance du réseau au Québec.

Vous êtes responsable depuis trois ans des services affaires ; est-ce que Rogers arrive à se tailler une place dans ce marché particulier au Québec ? 

Absolument. Les solutions affaires sont un moteur de croissance tant au Québec que dans le reste du Canada et c’est un secteur d’activité qui représente 30 % des revenus de Rogers Communications.

Mon rôle est d’augmenter nos parts de marché dans les services et les solutions que nous offrons à notre clientèle d’affaires, tels que les centres d’appels virtuels ou notre plateforme Unison qui offre aux PME un service de centre d’appels via notre plateforme cellulaire.

Avoir une présence régionale forte, c’est aussi donner une saveur québécoise aux produits et aux services que l’on offre. On veut être davantage présents dans la communauté des affaires, c’est important de se rapprocher de Québec inc.