Face à la menace d'une loi spéciale forçant la fin des grèves tournantes, le syndicat des postiers a demandé, tard samedi soir, l'intervention d'un médiateur et a déposé une nouvelle contre-proposition après avoir refusé les troisièmes offres patronales.

« [Le premier ministre Justin] Trudeau a demandé aux parties d'en arriver rapidement à une entente, et c'est ce qu'on souhaite, a dit Lise-Lyne Gélineau, porte-parole du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). C'est dans cette optique qu'on demande l'intervention d'un médiateur. »

Mme Gélineau a souligné que la contre-proposition syndicale montre une volonté de compromis, notamment en demandant une augmentation de salaire annuelle de 2,9 % au lieu de 3,5 % au départ. L'employeur offre 1,5 % par an, selon Mme Gélineau. Postes Canada a pour sa part indiqué, mercredi dernier, que ses dernières offres incluaient une augmentation de 2 % par an et une prime de 1000 $ par employé.

Postes Canada n'a pas voulu donner d'entrevue sur le sujet dimanche. « Postes Canada peut confirmer que son offre d'une durée limitée n'a pas été acceptée par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes [samedi] soir », a indiqué le service des relations médias de Postes Canada par courriel, en réponse à une demande d'entrevue de La Presse. « Nous sommes en train de déterminer quelles seront les prochaines étapes. »

11 mois

Les négociations sont en cours depuis 11 mois, et les premières offres patronales ont été déposées le 7 octobre. Le comité de négociation n'a soumis aucune des trois offres patronales à ses membres puisqu'elles ne sont pas finales, rapporte Mme Gélineau. « La dernière, mercredi, était un peu plus potable », a-t-elle dit.

Les grèves tournantes ont commencé le 22 octobre et, selon Mme Gélineau, elles retardent la livraison du courrier d'environ 24 heures. Une grève plus importante pourrait-elle être déclenchée sans un nouveau vote de grève des syndiqués ? « Ce n'est pas nécessaire, le conseil exécutif national décide de la stratégie et peut aller plus loin que les grèves tournantes », dit Mme Gélineau.

Selon la porte-parole syndicale, il y a trois points en litige : la surcharge de travail, la précarité et de meilleures conditions pour les postiers en région rurale. « Le tiers du personnel en préparation du courrier est à temps partiel ou sur appel, dit Mme Gélineau. Ça serait facile de combiner les emplois. Pour les travailleurs ruraux, surtout des femmes, si l'itinéraire est évalué à quatre heures mais que ça leur prend six heures, Postes Canada paie quatre heures. Et ils doivent trouver leur remplaçant s'ils prennent congé. »

Accidents

Sur le plan de la surcharge de travail, un rapport récent a conclu que les postiers sont les employés du gouvernement qui ont le plus d'accidents de travail, souligne Mme Gélineau. Ce taux est-il semblable aux taux d'accidents de travail des services privés de livraison ? Mme Gélineau n'avait pas de telles données dimanche. « Postes Canada a proposé de mettre 10 millions pour faire des études sur la surcharge de travail, mais ça n'amène pas de solution immédiate. »

Dans un communiqué, le STTP a signifié dimanche soir qu'il n'avait toujours pas reçu de réponse de la part du comité de négociation de Postes Canada relativement aux offres soumises la veille.

La ministre du Travail n'avait pas non plus donné suite à la demande de nommer un médiateur afin d'aider les parties à conclure une entente.