Le géant allemand de l'automobile Volkswagen a affiché mardi une insolente croissance au troisième trimestre malgré un contexte international moins favorable, signe que le constructeur surmonte petit à petit le scandale du Diesel.

« Les résultats sont meilleurs qu'attendu », commente Tim Schuldt, analyste chez Equinet, alors que le groupe a vu son bénéfice net bondir de 159 % à 2,76 milliards d'euros, principalement en raison d'une baisse des charges liées au « dieselgate », qui avaient pesé sur le troisième trimestre 2017.

Le résultat opérationnel hors effets exceptionnels a baissé de 18,6 %, à 3,51 milliards d'euros en raison de ralentissements liés à la mise en oeuvre de nouvelles normes antipollution WLTP, mais reste stable sur les neuf premiers mois de l'année (+0,6 % à 13,3 euros).

« La forte progression au premier semestre et cet été a contrebalancé la baisse des ventes en septembre » liée aux difficultés du constructeur allemand à faire homologuer dans les temps ses véhicules, indique VW dans un communiqué.

A la Bourse de Francfort, ces performances ont été saluées par les investisseurs, le titre du constructeur terminant en hausse de 3,03 % à 146,74 euros dans un Dax en recul de 0,42 %.

Ralentissement sectoriel

Volkswagen se distingue là d'un secteur confronté, en plus des nouvelles normes antipollution plus exigeantes, à un contexte international moins favorable et au ralentissement du marché chinois.

Deux de ses concurrents, Daimler, maison mère de Mercedes, et BMW, ont ainsi tous les deux abaissé leurs prévisions cette année, à cause de leur exposition au conflit commercial sino-américain et aux nouvelles normes WLTP.

Les équipementiers sont aussi dans la tourmente : l'allemand Continental, ainsi que Valeo et Plastic Omnium en France, ont revu à la baisse leurs ambitions, affectés par ricochet par les turbulences du marché.

« Tout le monde publie des avertissements sur résultats, et VW », qui était le plus affecté par les nouvelles normes, « est stable », note Ferdinand Dudenhöffer, expert du Center Automotive Research (CAR) de Duisbourg.

Car si Volkswagen a dû stocker des milliers de voitures en attente d'homologation et ralentir sa production sur son site historique à Wolfsburg cet été, l'effet WLTP sera, selon le groupe, limité dans le temps.

Fort d'une progression de 2,7 % du chiffre d'affaires et de 24,3 % du bénéfice net sur neuf mois, le groupe a confirmé ses objectifs et s'attend pour 2018 à une « hausse de jusqu'à 5 % du chiffre d'affaires » et une marge opérationnelle comprise entre 6,5 % et 7,5 %.

Emerger du dieselgate

Pour Volkswagen, sur les trois premiers trimestres 2018, la facture du « dieselgate » se montait à 2,4 milliards d'euros, comprenant notamment des amendes de 1 milliard et 800 millions d'euros payées en Allemagne par les marques VW et Audi.

Si, jusqu'à présent, ce vaste scandale de tricherie aux tests de pollution a coûté plus de 28 milliards d'euros à Volkswagen, pour Frank Schwope, analyste chez Nord LB, le géant de l'auto a fait le plus gros même si la facture finale pourrait encore grimper de 10-20 milliards d'euros.

Quelques lourdes menaces planent cependant encore, comme le procès en cours d'investisseurs qui accusent VW de ne pas avoir informé à temps les marchés des manipulations de moteurs diesel et réclament au total quelque 9 milliards d'euros.

S'ajoute à cela la première requête groupée de clients contre Volkswagen, qui doit être déposée jeudi et pourrait aussi se chiffrer en milliards.

Sur le front pénal, plusieurs enquêtes pour fraude, manipulation de cours de Bourse ou publicité mensongère sont en cours.

L'ancien patron d'Audi, en détention provisoire depuis juin, va, lui, être remis en liberté sous contrôle judiciaire mardi, a annoncé le Tribunal de Munich.