Surpris qu'un employé russe de Bombardier ait été blanchi des accusations de corruption qui pesaient contre lui en Suède, la poursuite dit évaluer sérieusement la possibilité de porter le verdict en appel.

«Nous considérons définitivement cette option», a affirmé le procureur Thomas Forsberg, mercredi, depuis Stockholm, cours d'un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

Celui-ci a expliqué que la poursuite a trois semaines pour en appeler du verdict, ajoutant que la poursuite pourrait agir dès la semaine prochaine après avoir analysé la décision rendue par le tribunal suédois.

Un tribunal du district de Stockholm a indiqué qu'il «n'était pas possible de prouver» qu'Evgeni Pavlov, un employé d'une filiale suédoise de Bombardier Transport, «a promis ou offert un avantage déloyal, ce qui constitue un prérequis pour l'existence d'un pot de vin».

Arrêté en mars par les autorités suédoises, M. Pavlov était accusé de corruption dans une affaire concernant l'obtention d'un contrat d'environ 340 millions $ US portant sur un nouveau système de signalisation. Ce projet était largement financé par la Banque mondiale.

Dans un courriel, Bombardier s'est dite «satisfaite du résultat», ajoutant qu'elle analyserait le jugement.

«L'entreprise a toujours nié avoir commis toute infraction criminelle et nous sommes heureux des conclusions de la cour à cet égard», a écrit un porte-parole, Simon Letendre, sans faire plus de commentaires.

En 2013, le constructeur d'avions et de trains faisait partie du consortium ayant décroché un contrat afin d'installer un système de signalisation le long d'un lien ferroviaire de 500 kilomètres reliant l'Europe et l'Asie au réseau ferroviaire de l'Azerbaïdjan.

«Il a été acquitté et c'est très positif, a affirmé l'avocate de M. Pavlov», Cristina Bergner, à l'Associated Press. Celle-ci n'avait pas encore pu parler à son client.

Après sept mois de détention, l'employé de Bombardier Transport «savait qu'il serait acquitté» lorsqu'il avait recouvré sa liberté le 4 octobre dernier, a ajouté l'avocate.

M. Pavlov avait été placé en détention préventive en mars, pour l'empêcher de s'enfuir ou d'interférer avec l'enquête. Les policiers ont notamment saisi des courriels lors d'une perquisition dans les bureaux suédois de Bombardier en octobre 2016.

L'avocate avait affirmé à plus d'une reprise que son client était innocent.

Me Forsberg a dit avoir été plus «surpris que déçu» par la décision prise par le tribunal suédois. Il a affirmé que l'enquête préliminaire se poursuivait dans ce dossier et que d'autres accusations pourraient être déposées l'an prochain.

«Nous allons continuer d'enquêter afin de déterminer si d'autres personnes liées à Bombardier pourraient être impliquées», a dit le procureur.

Bombardier a déjà dit étudier les documents entourant le projet au coeur de l'affaire. La multinationale affirmait collaborer avec les autorités depuis plusieurs mois dans ce dossier. L'entreprise fait aussi l'objet d'une vérification de la Banque mondiale.

En mi-journée, à la Bourse de Toronto, le titre de Bombardier se négociait à 2,33$, en hausse de huit cents, ou 3,56%.

- Avec des informations de l'Associated Press