Des transporteurs aériens américains ont décidé de se faire entendre dans le cadre de la dispute opposant Boeing et Bombardier en demandant aux autorités américaines de rejeter la plainte du géant de Chicago.

Selon Spirit Airlines et Sun Country Airlines, les droits punitifs exigés par Boeing sur les ventes de CSeries aux États-Unis constituent un frein à l'innovation ainsi qu'à la concurrence dans le secteur de l'aviation civile.

Ces deux transporteurs à bas coûts ont fait part de leurs arguments en envoyant des missives distinctes à la Commission du commerce international des États-Unis ainsi qu'au département du Commerce le mois dernier.

«Spirit estime que (la plainte de Boeing) est une façon inappropriée de bloquer l'entrée de la CSeries de Bombardier sur le marché américain», écrit son chef de la direction financière, Edward Christie.

Pour l'instant, les 112 appareils exploités par le transporteur de Fort Lauderdale sont des Airbus. Cela n'a pas empêché la compagnie floridienne de vanter l'efficacité de la CSeries, ce qui cadre dans son objectif visant à réduire ses dépenses et baisser le prix des billets.

M. Christie écrit que si Spirit devait acheter des avions pouvant transporter de 100 à 140 passagers, Airbus et Boeing ne seraient pas considérés, puisque de l'avis de la compagnie aérienne, ces deux avionneurs ne proposent pas d'appareil de cette taille.

«Si la plainte de Boeing l'emporte, Spirit sera privée d'un accès (à un programme) qui procurerait des avantages significatifs aux voyageurs américains», peut-on lire dans sa lettre.

Dans sa missive, Sun Country - qui exploite 22 appareils Boeing - reprend certains des arguments de Spirit.

Le président et chef de la direction du transporteur établi au Minnesota, Jude Bricker, ajoute aussi qu'il est nécessaire que les compagnies aériennes puissent avoir accès à un large éventail d'avions monocouloirs - comme la CSeries.

«Nous croyons que les voyageurs américains ont le droit d'avoir accès aux bénéfices de tous (les types d'appareils), qu'ils proviennent de Boeing, Airbus, Bombardier, Embraer ou de tout autre avionneur», écrit-il.

D'après M. Bricker, les mesures punitives réclamées par Boeing équivaudraient à une «taxe pour les voyageurs américains» et pourraient se traduire par une hausse du prix de certains billets.

Le département du Commerce devrait annoncer le 25 septembre s'il impose ou non des mesures punitives à l'égard de Bombardier.

Affirmant que l'avionneur québécois a bénéficié de subventions indues pour développer la CSeries, Boeing demande l'imposition d'un droit compensatoire d'au moins 79,41 % ainsi que d'un droit antidumping de 79,82 % sur les ventes de cet avion commercial au sud de la frontière.

Par courriel, Boeing a indiqué qu'elle ne souhaitait pas commenter les lettres envoyées aux autorités américaines par Spirit et Sun Country.

De son côté, sans s'avancer sur le contenu des deux missives, un porte-parole de Bombardier, Bryan Tucker, a indiqué qu'il n'était «pas surprenant de voir des compagnies aériennes se manifester pour promouvoir la concurrence».

Le ton de cette dispute commerciale a monté d'un cran cette semaine après que le président de la division internationale de Boeing eut affirmé que l'entreprise n'avait aucune intention de retirer sa plainte.

Peu de temps après, le premier ministre Justin Trudeau a fustigé Boeing lors d'un appel avec le gouverneur du Missouri, l'État où le géant américain de l'aéronautique construit ses avions de combat Super Hornet. Ottawa menace d'abandonner son plan d'achat intérimaire de plusieurs milliards de dollars de 18 avions de combat Super Hornet.

À la fin août, six sénateurs et membres de la Chambre des représentants des États du Kansas et de la Virginie-Occidentale avaient écrit aux autorités américaines afin de leur rappeler de ne pas négliger l'impact économique de l'avionneur québécois au sud de la frontière.